« Je ne vois pas le bénéfice pour l’Espagne de sa politique avec le Maroc, vous le saurez, et l’histoire, qui vous inquiète, vous jugera », a déclaré le président du Parti populaire et chef de file de l’opposition, Alberto Núñez Feijóo, lors d’un virulent duel hier mardi 31 janvier au Sénat avec le président du gouvernement Pedro Sanchez.
🔵 DIRECTO | Feijóo a Sánchez: «No soy capaz de ver el beneficio para España de su política con Marruecos, usted sabrá, y la historia, a usted que le preocupa, le juzgará» https://t.co/gKvC5eBssQ pic.twitter.com/YbjFeiWNqK
— ABC.es (@abc_es) January 31, 2023
Placé dans son contexte, le propos de M. Feijóo dégage des relents de pré-campagne électorale. Les élections générales espagnoles étant prévues en décembre 2023, ce propos peut en effet être interprété comme une tentative de « positionnement » par rapport au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, au pouvoir).
Sauf que là, il s’agit d’intérêts stratégiques entre deux royaumes liés par une forte communauté d’histoire et d’avenir. M. Feijóo peut-il se permettre de privilégier les intérêts étriqués de son parti aux intérêts supérieures du royaume l’Espagne?
M. Feijóo, qui s’est forgé la réputation peu reluisante de s’opposer à tout, démontre une incapacité flagrante à distinguer entre une politique d’Etat qui ne doit pas obéir à des considérations conjoncturelles et des calculs partisans étriqués et éphémères.
M. Feijóo veut peut-être séduire la droite radicale, mais il doit savoir que, sur ce coup-là, il a dorénavant peu de cartes à jouer. les flux migratoires avec le Maroc, cheval de campagne de l’extrême droite espagnole, ont été réduits de 25 % durant 2022. « D’après les données de Frontex, il y a eu une réduction de 21 % dans toute l’Andalousie et de 31 % dans les îles Canaries (…) Tous ces chiffres confirment que de toutes les routes migratoires vers l’Europe, la seule qui a diminué est celle du Maroc vers l’Espagne », a dévoilé récemment le chef de l’Exécutif espagnol, M. Pedro Sanchez.
Pour les échanges avec le Maroc, force est de constater qu’ils sont passés à 10 000 millions d’euros, soit 33 % de plus qu’en 2021, année durant laquelle les relations entre Rabat et Madrid ont été secouées par une forte crise.
Ces retombées positives ont été enregistrées en moins de neuf mois, précisément depuis la visite historique de M. Sanchez le 7 avril 2022 à Rabat, lors de laquelle il a exprimé solennellement le soutien de l’Etat espagnol au Plan d’autonomie marocain pour le Sahara. Des retombées appelées à être démultipliées à l’occasion de la tenue, ce mercredi 1er février à Rabat, de la 12e Réunion de Haut Niveau Maroc-Espagne.
Pour paraphraser M. Núñez Feijóo, l’histoire retiendra que le gouvernement Sanchez a (plutôt) fait un pas dans la bonne direction.