De la décision d’Alger de suspendre son « traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération avec l’Espagne », il paraît qu’il va falloir penser quelque chose. Or, Alger est en rupture de ban avec tout le monde. Elle a réussi le pari inédit de devenir le paria du Maghreb, du Sahel, du pourtour méditerranéen, voire au-delà.
« Personne n’aimerait être aujourd’hui à la place des Algériens », commente un expert en relations internationales, interrogé par nos soins sur le geste « inamical » d’Alger envers l’Espagne. « Avec cette décision, la junte affirme son statut de clown international« , plaint-t-il encore, non sans humour.
Cette décision aurait certes pu être traitée sur le mode de l’humour, n’eût été ce côté tragique du burlesque. Cette décision, comme bien d’autres prises depuis 2019, nous amènerait à douter même de la santé mentale du président Tebboune, faux-nez d’une dictature qui ne dit pas encore son nom.
Il semblerait que la junte n’ait pas lu le « traité d’amitié » qu’elle a pourtant signé avec le gouvernement Aznar en 2002, au lendemain de la crise autour de l’îlot Leila qui a failli dégénérer en conflit armé avec le Maroc. Il lui aurait suffi de jeter un simple coup d’oeil sur ce texte pour s’apercevoir qu’il stipule clairement le respect de la souveraineté des parties et interdit formellement toute ingérence dans leurs affaires respectives. Or, le soutien exprimé par l’Espagne au Plan marocain d’autonomie est une décision souveraine. De quoi se mêle donc la junte?
Et puis, pourquoi cette junte n’en ferait-elle pas autant avec bien d’autres pays ayant reconnu l’offre marocaine d’autonomie à l’instar des États-Unis, l’Allemagne, les Pays-Bas… Du haut de quelle (dé)raison ne rompt-elle pas aussi avec la Ligue des États arabes (22 pays), l’Organisation de la coopération islamique (OCI, 56 pays), l’Union africaine dont le président en exercice, Macky Sall, a déclaré solennellement vendredi dernier à Sotchi (Russie), que le nombre des États membres de cette organisation panafricaine est (cherchez l’intrus!) de 54 pays… Pourquoi la junte n’a-t-elle pas aussi rompu avec les 27 pays ayant ouvert des consulats à Dakhla et Laâyoune, de l’Afrique aux Caraïbes, en passant par le monde arabe?
On a beau chercher une logique à l’attitude de la junte, il n’y en a désespérément aucune. À part cette hystérie anti-marocaine qui dépasse elle aussi l’entendement et dont le traitement si tant est qu’il y en ait, relève inéluctablement de la psychanalyse.