Le tout nouveau président du Parti populaire espagnol, M. Alberto Núñez Feijóo, a eu, hier mardi à Rotterdam, une rencontre avec le président du Rassemblement national des Indépendants, M. Aziz Akhannouch. À l’issue de cette rencontre inopinée, tenue en marge du congrès du Parti populaire européen (PPE), M. Feijóo a veillé à afficher devant la presse la position de son parti sur la question du Sahara.
Or, ne voilà-t-il pas le patron de ce parti de droite, considéré jusqu’il y a peu comme « grand ami du Maroc », prendre à rebours la position officielle de son pays sur la première cause des Marocains, en affirmant que s’il était au gouvernement, il aurait pris ses « distances » avec ce qu’il a appelé « la lettre clandestine » de M. Sanchez, actuel président du gouvernement espagnol, où ce dernier avait solennellement assuré le Roi Mohammed VI, du soutien de son pays au Plan marocain d’autonomie, en soulignant la détermination résolue de Madrid à mener conjointement avec Rabat « une action commune pour la défense de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des deux royaumes ».
Face à cette déclaration inappropriée du chef du PP, le Chef du gouvernement de Sa Majesté le Roi a tenu à remettre les pendules à l’heure. Selon une source autorisée, M. Akhannouch a réagi de manière claire et ferme aux propos de M. Feijóo, il en a appelé notamment au sens des responsabilités du PP en l’invitant à s’inscrire dans la nouvelle dynamique positive enclenchée depuis la visite, le 7 avril à Rabat, du président du gouvernement espagnol, M. Pedro Sanchez.
La déclaration de M. Feijóo ne pouvait évidemment rester sans réponse, elle est contreproductive, en déphasage avec le nouvel élan insufflé aux relations bilatérales après une année de crise malencontreuse. Elle a aussi et surtout « heurté les sentiments des autorités et de l’opinion publique marocaines », confie la source autorisée à lecollimateur.
Avec cette déclaration, il est clair que le Parti populaire espagnol fait fausse route. Et pour cause, cette déclaration obéit regrettablement à des calculs partisans étriqués, alors que des intérêts vitaux de deux royaumes voisins, unis par une forte communauté d’histoire et d’avenir, sont en jeu. Cette déclaration dévie du bon sens politique et du sens du pragmatisme, pilier et moteur des relations internationales. Elle est aux antipodes des résolutions du Conseil de sécurité, celles-là même que M. Feijóo revendique pour « justifier » l’opposition de son parti à la position de son pays sur un contentieux fabriqué de toutes pièces autour du Sahara marocain.
M. Feijóo aurait pu simplement se référer aux résolutions du Conseil de sécurité, adoptées depuis le lancement en avril 2007 du processus politique, sous l’égide de l’ONU, sur la base de l’Initiative du Maroc pour l’octroi d’un statut d’autonomie au Sahara, pour se rendre à l’heureuse évidence: un soutien massif et clair à l’offre d’autonomie, qualifiée à juste titre de « base unique » pour le règlement du différend régional créé autour du Sahara marocain. Et par ricochet, un rejet systématique de l’option référendaire éculée et stérile, impraticable de l’aveu même de l’ONU!, prônée par la partie adverse.
Avec cette déclaration, M. Feijóo insulte inacceptablement l’avenir de deux royaumes condamnés à s’entendre pour faire valoir les intérêts de leurs peuples respectifs.