Annalena Baerbock, cheffe de file des Verts, les Grünen, va devenir la nouvelle ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de coalition du futur chancelier, le social-démocrate Olaf Scholz.
L’écologiste quadragénaire, candidate malheureuse de son mouvement à la chancellerie lors des dernières élections législatives, prendra ses fonctions début décembre dans le cadre de la coalition gouvernementale formée avec les sociaux-démocrates et les Libéraux, pour ouvrir l’ère post-Merkel dans le pays.
Née le 15 décembre 1980 à Hanovre, d’une mère travailleuse sociale et d’un père ingénieur mécanicien, Mme Baerbock a pris les rênes du parti écologiste allemand en janvier 2018. « Charismatique » et « populaire », hissant les Verts dans le top 3 des partis politiques allemands, grâce à une approche pragmatique et n’attisant pas la polémique, cette diplômée de Sciences Po à l’université de Hambourg (2000-2004), a néanmoins fait l’objet de maintes polémiques lors des élections fédérales de septembre dernier.
On lui a reproché d’avoir oublié de déclarer des revenus parlementaires et d’avoir embelli une partie de son CV. Sa proposition d’une hausse du prix de l’essence a par ailleurs été mal accueillie, dans un pays où l’automobile occupe une place centrale. En juin 2021, une semaine après la parution de son livre intitulé Jetzt (« Maintenant »), Mme Baerbock — déjà en recul dans les sondages — est accusée d’avoir plagié certains passages sans mentionner ses sources. Un blog spécialisé dans la « traque au plagiat » a identifié une demi-douzaine d’extraits s’apparentant à des copier-coller d’articles parus notamment dans différentes revues et sur des sites institutionnels.
Ce sont là les raisons principales qui ont contrecarré le rêve de Mme Baerbock de devenir la nouvelle chancelière, en remplacement d’Angela Merkel.
La cool-attitude
Affichant pour l’Alliance 90 / Les Verts un positionnement de « parti citoyen », Annalena Baerbock ne se revendique ni de droite, ni de gauche, et assume son soutien à l’Union européenne et à l’économie de marché. Elle s’est aussi montrée favorable à l’idée de former une coalition avec la CDU.
Cette attitude moderne, qualifiée de « coolitude », lui a permis de trouver grâce aux yeux des jeunes Allemands: ainsi en 2018, un électeur sur quatre du parti écologiste allemand est âgé de 18 à 24 ans, une hausse de 12 % en cinq ans.
Incarnant une ligne presque centriste, elle participe à attirer des électeurs modérés vers son parti. Ainsi, elle défend l’idée d' »augmenter la pression sur Moscou », envisage que l’Ukraine adhère à l’UE et à l’OTAN, critique la construction du gazoduc Nord Stream 2 reliant l’Allemagne à la Russie et considère la Chine comme une « rivale systémique » contre laquelle l’Allemagne doit durcir sa diplomatie.
En 2021, le média Politico la classe parmi les 28 personnalités européennes les plus puissantes d’Europe, à la troisième place de la catégorie Dreamers (« rêveurs »)