Comme à l’accoutumée, c’est le moment de célébrer la rentrée culturelle. Mais cette année, encore, on est loin d’être au rendez-vous de cet événement. On a l’impression que le temps ne coule plus. Une amnésie s’est installée confortablement dans la sphère culturelle. La résiliation, ce nouveau concept – qui a fait la une, en arrivant à la première place des slogans placardés contre le recul du culturel à cause de la COVID 19 – est entré en hibernation. C’est vrai que le moment est propice pour s’éclipser à l‘arrivée de l’automne. Malheureusement, c’est une histoire fâcheuse quant le verdict tombe et que le constat révèle à quel point nous devons poser les questions épineuses sur notre relation avec la culture et sa place dans notre vie quotidienne.
Il s’est avéré que la pratique culturelle n’est pas une nécessité pour notre société car notre ADN n’a pas enregistré une expérience culturelle digne de ce mot. Est-ce que la culture – avec toutes ses expressions en termes de théâtre, cinéma, musique, chant, arts plastiques – n’a pas trouvé le temps de s’installer et de revendiquer sa part au sein de la vie des gens? Cela nous emmène vers la question de ces infrastructures culturelles qui ont vu les jours et leur public potentiel. Tant qu’on n’a pas résolu cette équation, nous ne pouvons pas asseoir les bases solides d’une politique culturelle qui prenne en considération plusieurs paradigmes.
On ne peut pas construire des salles de spectacle sans la présence d’un public. Ce dernier n’est pas censé être averti mais avoir un minium de sensibilité par rapport à l’artistique. Une salle de théâtre doit avoir un programme bien établi avec une direction qui sait mener une ligne éditoriale en se basant sur un programme de diffusion de spectacles, de médiation culturelle, de formation, de résidences artistiques de création. Placer ce lieu dans l’ouverture sur d’autres disciplines qui peuvent instaurer un écrin de rencontre et d’échange. Placer le débat d’idées tout en donnant des cartes blanches à des artistes, qui peuvent amorcer tout un chantier de travail autour de thématiques bien choisies et qui sont ancrées dans le paysage et l’environnement qui entoure ce théâtre.
Cette dynamique doit être généralisée à tous les lieux qui ont une mission culturelle. Tout cela n’est possible que par des moyens concrets qui vont du personnel qualifié aux moyens financiers. Car ces derniers constituent le nerf de la guerre. La culture doit être considérée comme une industrie, c’est pour cela qu’il est impératif de construire ce projet en mobilisant les moyens susceptibles d’assurer une éducation artistique prise en charge par les secteurs privés et publics. Ainsi asseoir une formation solide en matière des métiers de la culture afin de faire émerger des cadres qualifiés à gérer des lieux culturels et accompagner les artistes dans leurs projets artistiques.
Dans cette optique, créer le besoin de la culture passe en premier lieu par la sensibilisation à tout ce qui est artistique. Un passage obligé pour que le citoyen se rende compte que dans la vie, il y a une part à satisfaire et qui relève du domaine du sensible. Sans cette culture du partage d’une idée, d’une expérience humaine, d’un fin regard, d’une pensée qui sort des sentiers battus, notre vie n’aura plus ce sens joyeux de la découverte et de la rencontre d’autrui.