Emboîtant le pas aux dirigeants européens, le parlement européen s’est lui, aussi, saisi de la crise migratoire de Sebta tout en se dessaisissant, honteusement, du scandale de ses enfants, adolescents et femmes battus et roués de coups de pied par la police et l’armée espagnoles. Autant dire que l’affaire Benbatouche, alias Brahim Ghali, a levé le voile sur ces façades européennes ornées de vertus humaines mais qui cachaient l’hypocrisie, la conspiration et la nostalgie coloniale. L’Espagne et l’Union européenne, qui se targuaient d’être les chantres des principes humanitaires, se sont ridiculisés quand ils ont accueilli sur leur territoire un criminel de guerre.
Ces pays dits des droits de l’homme ont mis la main dans la pâte pourrie de la dictature militaire algérienne pour l’héberger avec une fausse identité et un passeport falsifié. Autant dire que l’espace Schengen longtemps considéré comme un havre de droit, de justice et de lutte contre la criminalité et le terrorisme, est devenu un asile sûr pour un délinquant de droit commun et un « violeur » notoire des droits humains.
Honte à l’Espagne qui, pour des raisons avouées, a hébergé et exfiltré un homme poursuivi par sa justice pour avoir déshumanisé plusieurs de ses ressortissants. L’UE a trouvé, tout à fait normal, que la justice espagnole procède à un simulacre d’audition, par vidéoconférence, du tortionnaire en chef du polisario pour lui permettre de quitter le sol espagnol illico presto.
Honte à l’Union européenne qui nous rebat les oreilles avec ses valeurs humanitaires et qui, en même temps, soutient l’Espagne qui a traitreusement violé le droit, la justice et l’humanisme. Cette Europe- là qui ne cesse de donner des leçons de droits humains aux pays du monde entier mais qui pousse l’effronterie jusqu’à fermer les yeux quand le droit est piétiné sur son propre sol et dans la ville marocaine occupée de Sebta. Cette Europe qui, au nom des libertés, finance et manipule des ONG politisées pour s’ériger en avocats du diable. Des ONG qui accusent les autorités marocaines de harcèlement judiciaire, de détention arbitraire, voire de procès politique pour avoir jugé des délinquants de droit commun.
Ces associations ont, à l’évidence, une notion à géométrie variable des droits de la personne humaine. Encore faut-il savoir que les autorités marocaines et les associations des droits de l’homme marocains ne se sont jamais immiscées dans les affaires de la justice européenne. Pourtant cette justice est bien connue par son laxisme, voire sa bienveillance quand ses ressortissants commettent des délits, souvent gravissimes, à l’encontre de l’Etat marocain et ses institutions. C’est ainsi que la justice française a mis six ans pour ordonner un procès en… correctionnel dans l’affaire de chantage à l’encontre de l’institution royale par les journalistes Éric Laurent et Catherine Graciet.
Pis encore, le parquet de Paris ne les a poursuivis que pour « chantage » et a abandonné le chef d’inculpation d’ « extorsion de fonds par menace » en dépit du flagrant délit et des enregistrements audio. Les journalistes français qui se disent indépendants et libres ont été très complaisants avec leurs confrères, maitres-chanteurs, en leur trouvant même la circonstance atténuante d’avoir été piégés par les autorités marocaines.
La même complaisance a été affichée par les autorités allemandes envers un islamiste marocain radicalisé qui porte la nationalité allemande. Non seulement elles l’ont accueilli à bras ouvert mais leurs services de renseignements ont poussé le cynisme jusqu’à lui divulguer des information secrètes transmises par leurs homologues marocains.
Pis encore l’UE, par la voie de la commissaire européenne Ylva Johansson, a soutenu l’Espagne dans l’affaire des migrants qui ont déferlé dans la ville occupée de Sebta. Aucun pays européen, mais vraiment aucun, n’a été ému par la violence inouïe avec laquelle la Garde civile a bastonné les enfants, les femmes et les vieux. Aucun pays n’a condamné l’expulsion, manu militari, des migrants dont la plupart sont des mineurs sans aucune garantie procédurale, ni aucune protection en violation des conventions internationales et de la jurisprudence de la cour européenne.
C’est terrible! Et il est encore plus aberrant que des dirigeants politiques, de députés et des eurodéputés affirment que les frontières espagnoles sont celles de l’Europe. Mais de là à affirmer, sans ambages, que les villes marocaines occupées, Sebta et Melillia, sont la frontière terrestre de l’Europe avec l’Afrique, c’est enfoncer le clou dans la plaie des pires agissements du vieux-futur empire colonial européen.