Plusieurs partis et organisations non gouvernementales en Algérie ont exprimé leur indignation et dénonciation suite à l’escalade de la répression et des atteintes aux libertés durant ces dernières semaines dans ce pays.
Ces réactions ont été formulées après une requête déposée la semaine dernière par le ministère algérien de l’Intérieur pour la dissolution de l’association RAJ, connue pour son engagement dans le hirak populaire.
A cet égard, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) a dénoncé le verrouillage de tous les espaces et la répression qui continue à s’abattre sur tous les militants qui contestent l’agenda politique du pouvoir en place.
« Les libertés publiques sont verrouillées, alors que le hirak a libéré l’espace public depuis février 2019 », a relevé le vice-président de cette organisation, Saïd Salhi dans un communiqué.
« C’est la désillusion », a-t-il souligné, estimant que « les chiffres parlent d’eux-mêmes ».
« Incapable du changement démocratique revendiqué par le peuple dans le hirak pacifique prodémocratie en marche le long de deux ans et demi, l’Algérie nouvelle s’attaque aux acquis démocratiques arrachés en octobre 1988 ».
Soulignant que les droits de manifestation publique et pacifique, d’organisation et de réunion sont mis sous scellés, M. Salhi a condamné « cette escalade de la répression ».
« Quelque 2000 arrestations en deux semaines, 181 détenus d’opinion en 3 mois depuis la grâce de Tebboune en février dernier, des centaines de hirakistes en liberté provisoire », a-t-il rappelé.
« Le débat et l’espace publics sont fermés, les champs démocratique, politique, associatif et médiatique totalement verrouillés et ce, à la veille des élections législatives imposée par la force », a-t-il dénoncé, tout en fustigeant « les menaces des acquis démocratiques » et « la dérive autoritaire en marche ».
Le vice-président de la LADDH a rappelé dans ce sillage que l’Union pour le Changement et le Progrès et le Parti Socialiste des Travailleurs, ainsi que l’association RAJ sont menacés, par le ministère de l’Intérieur, de dissolution, et que le Parti des Travailleurs, le Mouvement Démocratique et Social (MDS), le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) et l’association SOS Bab El Oued, quant à eux, subissent un harcèlement manifeste qui cible leurs dirigeants et militants ».
La LADDH a appelé à « l’arrêt de la répression » et à « la libération de l’ensemble des détenus d’opinion et des journalistes ainsi que l’abandon de toutes les poursuites à leur encontre ».
Le président du RCD, Mohcine Belabbas, dont le parti est ciblé par la justice, a de son côté dénoncé « l’instrumentalisation des tribunaux contre des dirigeants et des partis de l’opposition pour leurs déclarations et autres solidarités qu’ils ont exprimées envers les victimes de la répression ».
Pour le président du RCD, « s’il reste encore des cadres lucides au sein du pouvoir, il est temps qu’ils réagissent avant la grande contagion ».
Pour sa part, le Front des Forces Socialistes (FFS), le vieux parti d’opposition en Algérie, a exprimé ses vives inquiétudes quant à l’évolution de la situation politique « caractérisée par les atteintes aux libertés ».
Dans une déclaration signée par son premier secrétaire, Youcef Aouchiche, cette formation politique a appelé le pouvoir de « cesser sa tentative de confisquer la vie politique, syndicale et associative, car elle ne ferait que creuser davantage le fossé entre le peuple et les institutions et encouragerait la logique de collision ».
Réitérant sa « solidarité » avec les détenus d’opinion et toutes les organisations politiques, syndicales et associatives « victimes d’harcèlements », le FFS a mis en garde contre ces pratiques autoritaires qui tendent à remettre en cause le pluralisme, qu’il soit politique, syndical ou associatif.
Rappelant que ce pluralisme a été arraché de « haute lutte » grâce aux combats des Algériens, le FFS a fait part de sa conviction selon laquelle « la construction d’un Etat de droit et de justice ainsi que d’institutions fortes et démocratiques passe forcément par la consolidation dudit pluralisme ».
Face à un climat politique tendu et délétère, le FFS a appelé à « privilégier la sagesse et la raison » et à aller vers un dialogue constructif pour éviter des « situations incontrôlables ».