« GHALIGATE »: QUAND MADRID SE FAIT PRENDRE À SON PROPRE PIÈGE

La nouvelle avait pris de court tout le microcosme médiatique ou presque. À raison, puisque rien n’indiquait que le ministre algérien des Affaires étrangères Sabri Boukadoum allait effectuer, ce 22 mars 2021, « une visite officielle » en Espagne.

Madrid avait pourtant trouvé le temps de mettre les petits plats dans les grands pour accueillir en grande pompe son hôte algérien, -« porteur d’un message du président de la république algérienne Abdemajid Tebboune au Roi Felipe VI« -, avait claironné l’APS.

Le déplacement du MAE Boukadoum aurait été motivé par la tenue, à Madrid, d’une nouvelle session de la haute commission mixte Algérie-Espagne, même si l’agenda des deux pays ne prévoyait aucune rencontre de ce niveau à la date du 29 mars 2021.

Il faut noter que Madrid n’a lésiné sur aucun moyen pour donner à cette visite le plus grand retentissement. Outre le palais royal (Zarzuela), Boukadoum a été reçu tour à tour par le président du gouvernement Pedro Sanchez, la 4ème vice-présidente du gouvernement, Teresa Ribera, la présidente du Congrès des députés, Meritxel Batet Lemana…

Malgré la densité des contacts et la multiplicité des apparats, aucune annonce digne de ce nom ne s’est dégagée de cette visite officielle…

Mais passons, car la visite de Boukadoum avait une autre finalité que cette volonté prétendue de resserrer les liens bilatéraux, Madrid n’ayant d’ailleurs pas de projets à faire avec l’Algérie en dehors du pompage des énergies fossiles, notamment le gaz.

En vérité, Boukadoum a fait le déplacement à Madrid pour négocier un transfert urgent du chef du polisario en Espagne, après l’échec d’une première tentative auprès des autorités allemandes.

Souffrant d’un cancer dans son appareil digestif qui serait dans sa phase finale, Brahim Ghali a également été infecté au nouveau coronavirus (Covid-19). Le général Saïd Chengriha, véritable détenteur du pouvoir algérien, s’était rendu en mars dernier à Rabouni, pour constater que le chef des séparatistes était dans un état très critique.

Après l’échec de la tentative menée auprès de la chancelière Angela Merkel, Alger s’est rabattue sur l’Espagne pour obtenir une hospitalisation au profit de son protégé Brahim Ghali. Seulement voilà, ce dernier fait l’objet depuis 2016 d’un mandat d’arrêt international pour “Crimes génocidaires”, “assassinats”, “détentions illégales”, “terrorisme”, “torture” et “disparitions forcées”.

Pour contourner la justice espagnole, Madrid et Alger ont orchestré un plan destiné à évacuer, sous fausse identité et avec de faux documents de voyages, le chef du polisario vers un hôpital situé dans le nord espagnol.

Une atteinte grave donc aux principes fondamentaux d’indépendance de la justice et de séparation des pouvoirs… un coup dur pour la « 23è démocratie du monde« , comme la MAE espagnole Arancha aimait tant à le crier sur les toits.

Madrid et Alger croyaient orchestrer ce coup « dans le dos du Maroc« , mais ils se sont ramassés. La révélation de ce scandale à la presse plonge le binôme Alger-Madrid dans le désarroi. Et ce n’est surtout pas la cafouilleuse Arancha qui dira le contraire.

Pas plus tard qu’hier vendredi 23 avril, elle a prétexté des « motifs humanitaires » pour tenter de justifier l’admission sous fausse identité, d’un individu activement recherché pour des faits aussi graves que des « crimes génocidaires »…

Ces fausses « raisons humanitaires » n’enlèvent  rien à la gravité de cette affaire qui relève du faux et de l’usage de faux et de complicité de faux et d’usage de faux.