“Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde » (Wittgenstein).
Tout ce qui peut être dit peut être dit clairement, et sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence. Cela signifie que l’expression de la pensée a ses limites, on ne peut pas tout dire, comme on ne peut pas tout cacher. Pour qu’une communication soit réussie, étant donné qu’elle échoue souvent, parce que l’autre imagine littéralement des images préétablies, élaborées et erronées de ce que l’on voudrait dire, le discours sensé devrait être suppléé par le silence, le secret, et l’indicible.
L’usage des mots désignant les choses, comme le dit Foucault dans sa description du tableau « Las Meninas » de Velázquez », et la relation entre la pensée et l’énoncé qui est suffisamment étroite, revient à un problème épistémologique, celui de la cohérence entre la phrase et l’expression des idées. En considérant que le sens des énoncés émanant d’une combinaison des symboles qui construisent un langage significatif. Pourtant, la conscience de ce que l’on dit prend corps et donne une grande place à la pensée, ou du moins à une représentation de l’indicible, quand on ose parler de (ce dont ne peut parler).
En effet, le sujet pensant, qui tient le discours, peut donc porter son regard au-delà des limites du langage… À moins de penser que la formule de Wittgenstein se déduit mécaniquement des précédentes, et qu’il n’est donc pas nécessaire de recourir à la conscience pour l’énoncer. Ce « on » qui « ne peut parler » éveille une curiosité autour de laquelle autant de questions restent suspendues sans aucune réponse, comme celles-ci: est-ce le sujet conscient de ce qu’il dit, ou le langage lui-même développant sa propre logique? Et ce n’est-ce pas déjà parler de ce qu’il faut le taire que parler de ce dont ne peut parler ? Le langage lui-même ne saurait dire ce qui se trouve au-delà de ses propres limites…
La plupart des questions découlent à vrai dire, d’une incompréhension de la langue, d’une mal interprétation des mots, les mots qui sont un discours sur lequel, on travaille afin d’en faire un métadiscours qui se met en faveur de l’intention de celui qui l’utilise.
Il importe de mentionner soi-disant quelques détails de la vie de Wittgenstein pour comprendre mieux sa théorie du langage. Le philosophe en question, personne solitaire qui bégaie en parlant et qui vit aisément avec ses parents une enfance confortable, les prémisses de sa philosophie du langage résident là, dans ce problème de bégaiement, Wittgenstein se rend compte qu’il marque des pauses interminables au milieu de son énoncé, ce qui le laisse pensif pour autant sur ce qu’il dit, et sur ce qu’il ne devrait pas dire, d’où sa fameuse question que l’on trouve éparpillée ça et là, prenant l’allure suivante: comment les êtres humains parviennent à communiquer leurs idées ? Une question intéressante qui donne lieu à de nombreuses propositions ensuite.
Pour épauler la formule de « Tractatus logico–philosophicus », il est possible d’en appréhender le sens autrement à l’aide des images qui sont d’après Wittgenstein des faits représentant le réel, autrement dit la pensée n’est pas toujours prête à être exprimée, cette expression a des limites dans le langage qui ne peut pas tout tolérer, d’ailleurs la philosophie est là pour porter des éclaircissements à ce sujet, comme le but du philosophe est de donner des clarifications de la pensée, malgré que cela n’est pas souvent possible, une œuvre philosophique est composée d’éclaircissements telle une œuvre d’art montrant la nudité des ses personnages, une nudité blanche qui éclaire le tableau .
La compréhension de soi-même dépend des mots de l’autre, l’être humain se découvre à travers les images que l’autre perçoit sur son attitude, sur sa façon de concevoir son univers, il a besoin d’autrui pour interpréter premièrement son propre langage, afin de forger sa faculté d’interprétation des énoncés qu’il entend et de créer de bonnes images dans l’esprit de l’autre.
Référence bibliographique:
Charlie Renard, Ce dont on ne peut parler, il faut le taire, 31 mars 2017.
Marc-Antoine Beaudry, Les limites du langage ou la critique du langage comme thérapie dans la philosophie de Ludwig Wittgenstein, Avril, 2014.Montréal.
Ludwig Wittgenstein, 1921, Tractatus logico-philosophicus.