VIDÉO. QUE CACHE VRAIMENT LA SORTIE D’ABDELILAH BENKIRANE?

Abdelilah Benkirane s’est manifesté, ce jeudi 29 octobre, via une vidéo diffusée en direct sur Facebook. Que s’est-il alors passé pour que l’ancien SG du PJD, du gouvernement… mette fin à sa longue transhumance et refasse apparition par le biais des réseaux sociaux?

Faut-il interpréter la réapparition de Benkirane comme une réplique au retour, mercredi 21 octobre, de Hamid Chabat, ancien SG du Parti de l’Istiqlal, de l’UGTM… après un « exil » d’au moins deux ans vécu entre la Turquie et l’Allemagne?

Faut-il aussi soupçonner une tentation du retour.. en politique… en perspective de 2021, année de toutes les élections, législatives notamment?

 

 

 

 

Des questions légitimes que Benkirane ne pourrait lui-même éluder, même si le motif apparent de sa sortie ce jeudi serait dicté par « le devoir de conseil » envers les musulmans, notamment de France, secouée par l’affaire controversée de la diffusion des caricatures du Prophète Mohammed,  laquelle a coûté la vie à l’enseignant d’histoire Samuel Paty, tué sauvagement vendredi 16 octobre par un islamiste russe d’origine tchétchène, suivie aujourd’hui d’un autre acte non moins sauvage, en l’occurrence une attaque contre une église de Nice, faisant trois victimes tragiques parmi des fidèles chrétiens innocents.

Que peut-il nous dire de plus qui n’ait déjà été dit par la voie officielle ?

Le 25 octobre 2020, le Maroc avait condamné vigoureusement la poursuite de la publication des caricatures outrageuses à l’Islam et au Prophète Sidna Mohammed, avertissant que « la liberté des uns s’arrête là où commencent la liberté et les croyances des autres » tout en condamnant « toutes les violences obscurantistes et barbares prétendument perpétrées au nom de l’Islam ».

Une autre réaction a été exprimée aujourd’hui, par le biais du MAE marocain, à l’attaque terroriste de Nice. « Le Royaume du Maroc dénonce l’attaque perpétrée ce jeudi à Nice (France) et exprime sa solidarité et sa compassion aux victimes et à leurs familles », indique le MAE marocain, appelant « à dépasser le contexte délétère et le climat tendu autour de la religion » et « invitant les différentes parties à faire preuve de modération, de sagesse et de respect de l’altérité ».

Que peut-on alors demander de plus qui n’ait déjà été dit et redit par les canaux officiels marocains?

À l’évidence, rien. À part qu’en court-circuitant la voie officielle, l’ancien chef du gouvernement qui est tenu par une obligation de réserve, veuille rebondir sur l’affaire des caricatures pour se repositionner sur l’échiquier politique qu’il n’a jamais réellement quitté.

Rien n’empêche évidemment Benkirane de rebondir en politique, il a démenti lui-même son retrait de la scène… politique. Seulement voilà, on ne l’a jusqu’ici pas entendu s’exprimer sur des sujets internes autrement graves dus à la pandémie de coronavirus, avec tout ce que cela comporte de conséquences pour le citoyen marocain, sur le plan social notamment. Pourquoi s’est-il alors tu sur cette crise inédite et ravageuse?

Point curieux à retenir dans la sortie de Benkirane, il s’est montré favorable à l’appel au boycott des produits de la France, pourtant principal partenaire du Maroc! Une posture qui flatte la bête dans le sens du poil et qui prend à rebours les intérêts communs entre la France et le Maroc.

Du populisme pur jus qui sert la soupe à l’électorat d’un parti islamiste, qui n’a pas su se hisser au-dessus de ses intérêts étriqués… pour servir les intérêts suprêmes du pays.