Le nouveau logo de la ville d’Agadir suscite une vive polémique. Le projet a été confié à la CMOOA (Compagnie Marocaine des Œuvres et Objets d’Art) de Hicham Daoudi. Il a été réalisé par le grand artiste peintre Mohamed Melehi… dont le nom n’a pas empêché une avalanche de critiques.
Les commentaires ont pointé une similitude, coïncidence, voire « plagiat »… notamment cette forme pyramidale du logo de la ville du Caire « Capitale de la Photo Arabe » en 2016. Ce logo a été créé par l’artiste syrien Jalal Shekho.
Ils ont considéré que le référentiel régional avec ses puissants marqueurs culturels (objets, signes et symboles…) a été négligé.
En plus de considérer l’enfermement des lettres dans une « forme géométrique » comme une démarche assez désuète et classique… ils n’ont pas compris l’emploi des lettres arabes pour le nom Agadir. Et au cas où… il aurait été plus judicieux de faire une combinaison entre lettres arabes et lettres tifinagh !!
L’hypothèse que l’ « arabisation » du logo de la capitale du Souss serait voulue par le Conseil municipal islamiste (PJD) de la ville a été avancée ( !?)
Certains ont aussi relevé une confusion. Ils ont lu « ADGAYR »… au lieu d’AGADIR. Le « D » précédant le « G ». Le principe même du concept, basé sur des lettres a abouti à la surcharge. Le logo jouant sur la redondance du nom de la ville n’offre pas de valeur ajoutée ! Le minimalisme étant le secret des logos qui ont réussi.
La polémique a également porté sur la traduction. « Ville d’Agadir » est traduite en tamazight par « Tamdint Agadir ». Or plusieurs commentaires ont signalé que « Tamdint » signifie « cimetière »… ayant aussi comme synonyme « assemdel ».
D’autres commentaires plus sévères ont demandé l’abandon de ce logo pour un autre, sans écriture, reflétant l’identité culturelle, économique et touristique de la ville… et surtout pas une pyramide d’Égypte.
Ceux qui défendent le logo avancent qu’il représente une rencontre entre la montagne et la mer et que son inspiration vient du « motif triangulaire » de la fibule.
Il rendrait aussi hommage aux architectes qui ont reconstruit Agadir. Il rappelle les édifices des années 60, les pôles universitaires, l’usine de dessalement d’eau de mer, la maîtrise de l’eau pour l’agriculture, etc.
Pour de nombreux observateurs, cette polémique montre bien que la conception d’un logo en lien avec les territoires, l’identité territoriale, le marketing territorial… est une question très complexe.
Dans ce type de créativité, la « sous-analyse » n’est pas permise. Les concepteurs doivent prendre tout leur temps et consulter au maximum pour que la population, la société civile et les différents acteurs socio-culturels adhèrent à leur proposition.