Il y a quelques semaines un directeur d’une école privée a posté une vidéo dans laquelle il menaçait les parents d’élèves de représailles. L’homme qui a, certainement, raté le chapitre de la pédagogie avait dit en substance que les directeurs de l’enseignement privé vont élaborer une stratégie «machiavélique» pour faire plier les parents et les obliger à payer les frais de scolarité.
Il faut reconnaitre que cet entrepreneur, très entreprenant, a tenu parole tout comme le ministre de l’éducation nationale, Saïd Amzazi, qui s’est rangé du côté des propriétaires des écoles privées. Force est de constater que le lobby de l’enseignement privé est très introduit dans les arcanes de la prise de décision et qu’il est vraiment très, très fort.
A preuve le ministre Amzazi a adopté l’enseignement à distance en laissant le choix aux parents d’élèves d’opter pour le présentiel s’ils le souhaitaient. La démocratie subtile, ou cynique, du ministre a ainsi ouvert la voix aux directeurs des écoles privées pour imposer aux élèves la formule qui les arrange le plus.
Dans le privé le choix est suppléé par la dictature, aussi cynique que la démocratie du ministre Amzazi, qui vous oblige à choisir « obligatoirement » le présentiel car les écoles privées ont décidé de ne pas dispenser l’enseignement à distance. Il a raison le directeur d’école qui s’en est pris aux parents d’élèves car les propriétaires des écoles privées ont réussi vraiment à élaborer un plan des plus machiavéliques.
Un plan qui leur laisse, en plus, la porte à user de tous les abus puisque le ministre Amzazi leur a donné implicitement le feu vert en déclarant qu’il n’est pas dans ses prérogatives d’intervenir dans les conflits financiers entre les parents d’élèves et les écoles privées.
Comme personne n’est capable de les arrêter certains établissements de l’enseignement privé ont poussé l’outrecuidance jusqu’à augmenter les frais de scolarité en ces temps de crise économique. Quant à la soi-disant prime d’assurance de 50 dirhams il faut être naïf pour croire au père noël d’Amzazi et de ses protégés.
Car les directeurs des écoles privées n’évoquent plus la prime d’assurance quand ils réclament les frais d’inscription qu’ils ont assimilés à des activités scolaires (peinture, informatique, cinéma et autres). Comme par hasard la Fédération de l’enseignement privé (FEP) de la CGEM qui était en hibernation depuis des lustres a été réactivée en élisant un nouveau président.
Le patron de la CGEM, Chakib Alj, a raison quand il a appelé à une forte implication des acteurs de ce secteur qui fait face, aujourd’hui, à de véritables défis dus à la pandémie, notamment la gestion de la rentrée. Car il est le seul à évoquer les risques que représente cette rentrée scolaire avec la grave résurgence de la pandémie sur le territoire national.
Les directeurs d’écoles n’en ont cure puisqu’ils ont imposé l’enseignement en présentiel sans jamais se soucier des risques qu’ils font encourir aux élèves. Le ministre Amzazi pourrait-il encore se dérober à ses responsabilisé de contrôle puisqu’il s’agit là d’un risque grave pour la santé publique? En tout cas il ne peut sa cacher derrière la loi 06-00 sur l’enseignement privé en se contentant d’un «contrôle pédagogique et un contrôle administratif» et en jetant la responsabilité sur le ministère de travail qui codirige ce secteur.
Le ministre de l’Education nationale a, pour une fois raison, quand il a dit que la loi 06-00 a montré ses limites. Car son département qui est chargé de l’inspection des installations sanitaires des établissements privés (article23) n’est même pas capable d’assumer cette responsabilité.
Le nombre des toilettes dans chaque école ne suffit même pas à une classe de 12 élèves et du coup elles puent l’urine, les odeurs nauséabondes et sèment les microbes partout. Quand les directeurs d’écoles n’arrivent même pas à assurer des toilettes propres aux élèves on a le droit de craindre le pire pour nos progénitures qui seront en face d’un virus invisible.