Dans son roman « Comme un été qui ne reviendra pas », paru en 1999, l’écrivain marocain Mohamed Berrada avait évoqué, entre autres, l’été 1956, qui était exceptionnel dans la vie du personnage du roman avec moult événements allant de la période pré-indépendance du Maroc, la nationalisation du canal de Suez à l’agression tripartite contre l’Égypte, en plus d’autres faits ayant marqué cette année faisant de sa saison estivale « un été qui ne reviendra pas ».
Le titre choisi par l’écrivain marocain pour son roman semble très approprié pour l’été 2020. Un été inédit, au moins au cours des 100 dernières années, avec la terrible pandémie du nouveau Coronavirus (Covid-19), qui a transformé la saison estivale à travers le monde d’une période de détente, de loisirs, de voyage, pour en faire une « vaste calamité » avec une récession économique aux conséquences désastreuses à bien des égards.
Lorsque le Covid-19 a fait son apparition, l’hiver dernier, avant qu’il ne fait des ravages dans le monde entier, un espoir fleuri, notamment auprès de la communauté scientifique, que sa gravité et son impact diminueraient pendant l’été sous l’effet de la canicule qui pourrait réduire son élan voire y mettre un terme.
Or, le virus avait un tout autre dessein, car les cas d’infection ont explosé en été, surtout en août, le mois le plus chaud de l’année. Une remarquable flambée en ce sens que le bilan enregistré au Maroc pendant ces derniers jours dépasse largement le nombre des cas signalés au cours des premiers mois de la pandémie.
Dans une interview effectuée, en mai dernier, par le Centre d’informations des Nations Unies avec le Dr Amjad El-Khouli, consultant en épidémiologie à l’Organisation mondiale de la santé, le chercheur a confirmé que « selon les informations dont nous disposons jusqu’à présent, la période d’été n’affaiblit pas le virus, de ce fait, nous recommandons de continuer de respecter les conseils de sécurité et d’hygiène dont le port des masques et le lavage fréquent des mains ».
Et si l’expert onusien avait évoqué « l’absence d’impact significatif de l’été sur l’activité du virus », cependant, la réalité confirme l’absence totale d’un tel effet, compte tenu de la forte résurgence du virus et qui a fait beaucoup parler d’une deuxième vague durant l’été 2020 avec tout ce qui en découle comme absence de loisirs et de voyages. Un été ainsi digne du titre « comme un été qui ne reviendra pas ».
En temps de pandémie, les aéroports n’étaient pas bondés de touristes avides de découvrir le monde, ni de migrants retournant dans leurs pays natals pour retrouver leurs proches après une longue absence.
Idem pour les hôtels et les plages qui peinent à se remplir, en particulier dans les conditions de confinement que connaissent de nombreuses villes touristiques du Royaume. Le virus a chamboulé le quotidien des gens et fait annuler leurs vacances surtout après la suspension des liaisons aériennes et maritimes et la fermeture des frontières terrestres.
Hicham Lahlou, un employé du secteur de l’enseignement, confie dans une déclaration à la MAP qu’il avait l’habitude de se rendre à Tanger pendant la période estivale et renoue avec les plages paradisiaques de la région telles que Sidi Kanqoush et Dalia, mais les conditions de la pandémie ont rendu l’aventure quasi-impossible cette année.
« La pandémie a gâché notre été … Je serai obligé de passer mes vacances dans le quartier populaire dans lequel j’habite à Salé … Les mesures de précaution prises à Tanger prévoient la réduction des déplacements au maximum. Hélas, pas de voyages durant ces vacances », déplore-t-il.
Même déception chez M. Kamal, un marocain résidant aux Etats-Unis, marié et père de deux enfants, qui avait l’intention de passer les vacances d’été dans le Royaume, mais l’évolution de la situation épidémiologique dans le pays d’accueil comme dans la mère-patrie l’a empêché de voyager cette année.
Dans cette même veine, il sied de rappeler que le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, M. Nasser Bourita a affirmé que l’opération Marhaba selon la forme habituelle n’a pas été lancée en raison de contraintes objectives, notant que cette opération, qui va au-delà de la simple traversée et englobe des activités culturelles et ludiques, nécessite une préparation dès le mois d’avril, en coordination avec les différentes parties concernées.
Si d’aucuns se sont vus privés de passer leurs vacances comme ils prévoyaient, d’autres ont été, de surcroît, privés de leurs congés d’été en raison de la flambée des cas du Covid-19, entre autres, les professionnels de santé.
À cet égard, la récente décision du ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb de suspendre les congés annuels des professionnels de santé à cause de la crise sanitaire liée au Covid-19 que traverse le pays vise à « garantir la continuité des services du système de santé et à répondre aux besoins de soins ».
En somme, l’été 2020 se veut une saison exceptionnelle en raison des répercussions de la pandémie qui a changé tant de choses dans le quotidien des gens dans les quatre coins du monde tout en nourrissant l’espoir de voir la pandémie stopper sa progression ou l’arrivée d’un vaccin efficace à même d’éradiquer ce terrible virus.
Abdellatif ABILKASSIM-MAP