
« Panorama », magazine hebdomadaire italien d’information générale, se joint au concert des médias internationaux mettant en garde contre la menace que fait peser « le triangle d’instabilité » (polisario, Iran, Algérie) sur la région du Sahara et sur la sécurité européenne. Dans un article signé Stefano Piazza, essayiste suisse, le média italien, à la ligne éditoriale ancrée à droite, appelle à agir sérieusement contre le « polisario », « une sorte de multiplicateur d’instabilité, alimenté par le soutien de l’Algérie et l’influence de Téhéran ». Voici la traduction intégrale de cet article.
« POLISARIO, IRAN, ALGERIE: LE TRIANGLE D’INSTABILITE QUI MENACE LE SAHARA ET LA SECURITE EUROPENNE »
Par: Stefano Piazza

Au plus fort de la guerre entre Israël et le Hamas, Téhéran avait lancé une menace apparemment fantaisiste : la fermeture du détroit de Gibraltar. À l’époque, cette déclaration avait été perçue comme de la simple propagande, l’Iran n’ayant aucune présence militaire significative dans cette zone.
Aujourd’hui, cependant, cette menace prend des dimensions plus concrètes. La Fondation pour la défense des démocraties (FDD) rappelle dans un récent rapport les révélations publiées par le Washington Post selon lesquelles des combattants du Polisario auraient été entraînés en Syrie par le Hezbollah pour soutenir le régime de Bachar el-Assad.
Le lien entre le Polisario et le Hezbollah n’est pas nouveau. Rabat avait déjà rompu ses relations avec Téhéran en 2018, l’accusant d’avoir envoyé des missiles au mouvement sahraoui par l’intermédiaire de son ambassade à Alger et avec la médiation de la milice libanaise. En 2022, des sources diplomatiques marocaines à l’ONU ont également dénoncé la livraison de drones iraniens.
Selon la Fondation pour la défense des démocraties, l’arsenal du Polisario comprend aujourd’hui non seulement des armes conventionnelles mais aussi des technologies avancées, comme des systèmes permettant de simuler des attaques avec des avions sans pilote.
Dans ce scénario, l’Algérie est l’acteur central. Depuis des décennies, elle soutient le Polisario par tous les moyens : financiers, logistiques et politiques. Dans les camps de réfugiés de Tindouf, situés près de la frontière marocaine, les dirigeants du mouvement séparatiste ont trouvé refuge et protection.
Mais la présence de Tindouf n’est pas seulement politique. Selon Rabat, les roquettes qui ont frappé un festival commémorant la Marche verte, à quelques kilomètres de la frontière, ont été tirées depuis cette zone en novembre 2024. Les autorités marocaines considèrent qu’il s’agit d’une « provocation directe », d’autant plus grave que l’attaque aurait été lancée depuis le sol algérien.
La position de l’Algérie va au-delà du simple soutien à un mouvement séparatiste. À travers le Polisario, l’Algérie poursuit sa rivalité historique avec le Maroc et, du même coup, offre à Téhéran et au Hezbollah une porte d’entrée vers l’Afrique du Nord.
Cette convergence multiplie les risques d’instabilité, notamment dans une zone déjà menacée par les organisations djihadistes au Sahel. L’histoire d’Adnan Abou al-Walid al-Sahrawi – ancien membre du Polisario devenu chef de l' »État islamique » dans la région, tué en 2021 par les forces françaises au Mali – est considérée comme un parfait exemple de la manière dont les camps de Tindouf peuvent devenir un vivier de recrutement djihadiste.
Au-delà des aspects militaires et géopolitiques, la question revêt également une dimension humanitaire dramatique. Des dizaines de milliers de réfugiés sahraouis vivent dans les camps de Tindouf depuis des décennies, dans des conditions précaires, avec un accès limité aux ressources essentielles comme l’eau, les soins de santé et l’éducation.
Plusieurs organisations humanitaires dénoncent depuis longtemps une gestion opaque de l’aide internationale, avec des accusations de détournement de fonds et de vivres vers les structures militaires du Polisario.
Dans ce contexte, la population civile reste prisonnière d’une crise chronique, tandis que le mouvement séparatiste et ses parrains régionaux instrumentalisent la cause sahraouie comme un outil politique et stratégique. Selon la FDD, cette combinaison de soutiens iranien et algérien et de présence djihadiste représente une menace directe pour les intérêts occidentaux.
D’où la demande à Washington d’accélérer l’ouverture du consulat promis à Dakhla, comme signe tangible de soutien à la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, officiellement reconnue par les États-Unis en 2020 sous la présidence Trump.
Parallèlement, l’institut recommande d’inscrire le Polisario sur la liste des organisations terroristes étrangères, en raison de ses activités armées et de ses liens avec des réseaux extrémistes. En réalité, le Polisario n’est plus seulement un sujet de conflit territorial ; le groupe est une sorte de multiplicateur d’instabilité, alimenté par le soutien de l’Algérie et l’influence de Téhéran.
Pour le Maroc, partenaire stratégique des États-Unis, cela se traduit par une menace constante et une fragilité croissante pour l’ensemble de la région. Le tableau qui se dessine est celui d’un triangle de puissance et d’intérêts : l’Algérie comme soutien politique et militaire, l’Iran comme fournisseur d’armes et de ressources, et le Hezbollah comme centre d’entraînement.
Une combinaison qui non seulement complique toute tentative de solution politique à la question sahraouie, mais transforme le Sahara occidental en un front d’instabilité qui se répercute à travers la Méditerranée, l’Afrique de l’Ouest et la sécurité européenne.





