La nouvelle a fait l’effet d’une bombe à Ankara: une délégation de l’YPG, aile syrienne du PKK, blacklisté terroriste par la Turquie, les USA et l’UE, a participé à une activité de la milice séparatiste du «polisario» du 4 au 7 janvier dans les camps de Lahmada/Tindouf.
Le pot aux roses a été dévoilé par le quotidien progouvernemental turc « Daily Sabah » le 10 janvier 2025, sous ce titre révélateur: «le front polisario lance une initiative controversée en invitant les YPG» (Cf : «Unités de protection du peuple», branche armée du Parti de l’Union démocratique (PYD kurde en Syrie) formées en 2011 lors de la guerre civile syrienne). «L’aile syrienne du groupe terroriste PKK, le YPG, a participé à la réunion du front appelée « Sommet de solidarité sahraouie » dans les camps sahraouis proches de l’Algérie du 4 au 7 janvier», précise «Daily Sabah», citant « des sources diplomatiques » turques. Lors de la réunion, ajoute le quotidien turc, troisième plus grand tirage après «Posta» et «Hürriyet», «le YPG/PKK a fait une présentation et a diffusé des messages de propagande appelant au soutien et dénonçant les opérations antiterroristes de la Turquie».
Algérie: trahisons et mensonges
Il n’en fallait guère plus pour mettre le feu aux poudres turques. «Nous avons vu récemment l’arrivée d’éléments terroristes séparatistes kurdes en Algérie que nous pensions être un pays ami, l’Algérie que nous avions tant nourrie et protégée, l’Algérie, qui n’était pas si longtemps une province sous la protection du Sultan ottoman, et aujourd’hui elle reçoit une bande terroriste de kurdes sur son territoire», a asséné Bahadir Nahit Yenişehirlioğlu, député du Parti de la Justice et du Développement (AKP, au pouvoir). «Aujourd’hui, je ressens que l’Empire ottoman a fait une erreur, oui il a fait une erreur quand il a vendu la province d’Algérie à la France. L’Algérie sait que sans nos ancêtres turcs et sans le grand chef Barberousse (Kheïr-Eddine Baba Arroudi, régent d’Alger sous le règne de Soliman le Magnifique), les habitants d’Algérie resteraient encore des esclaves des Espagnols comme Barberousse le Grand les a trouvés», a-t-il enfoncé.
Côté Alger, règne un silence coupable que vient trahir un communiqué en trompe-l’œil publié par son ambassade à Ankara. «Mon gouvernement ne s’immisce pas dans les affaires intérieures des pays, et c’est une position dictatoriale pour notre politique étrangère», a klaxonné l’ambassadeur Amar Belani.
Tiens, tiens ! Pourtant c’est bien ce que faisait l’ancien présumé «envoyé spécial au Sahara occidental et au Maghreb» sous le « pitbull » Ramtane Lamamra et ce que fait actuellement son « patron » Ahmed Attaf concernant le Mali quand il s’est permis, quel culot!, d' »ordonner » aux autorités maliennes de ne plus qualifier de «terroristes» les rebelles touaregs de l’Azawad. Ce qui lui a valu une véritable volée de bois vert de la part des autorités maliennes (voir ci-dessous le communiqué du MAE malien).
De qui se moque Alger, alors?
L’ingérence algérienne est un secret de polichinelle pour tous les pays de son voisinage (Libye, Tunisie, Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Burkina…), voire au-delà. La flambée de tensions actuellement avec la France, après l’Espagne, et maintenant avec la Turquie d’Erdogan … et la Nouvelle Syrie d’Ahmed Chareh, le démontre à tous points de vue.
Vous avez donc bien lu: la nouvelle Syrie. En effet, l’avènement d’un nouveau pouvoir en Syrie, après cinquante de dictature de la famille Al-Assad, est vue d’un œil très inquiet par le régime algérien finissant. Compromis jusqu’au bout des ongles avec le sanguinaire Bachar Al-Assad, aujourd’hui « réfugié » à Moscou après sa fuite de Damas dans la nuit du 7 au 8 décembre 2024, le régime algérien a tenté un « rapprochement » avec les nouvelles autorités syriennes, en vain. Selon des bruits de couloir médiatiques, le nouvel homme fort de la Syrie, Ahmed Al-Charaa, aurait déclaré non grata le MAE algérien à Damas. Une rebuffade que justifient les accointances criminelles de la junte algérienne avec le dictateur syrien déchu, Bachar Al-Assad. L’invitation à Tindouf de rebelles YPG/PKK résonne ainsi comme une réponse algérienne à cette rebuffade. Mais c’est compter sans la riposte d’Ankara qui s’annonce foudroyante. On ne se frotte pas impunément à la puissante Turquie…