Ignorer la situation en Algérie est « une grave négligence » de la part de l’opinion publique européenne

L’expert italien Marco Baratto a estimé lundi que l’opinion publique européenne, en ignorant la situation algérienne, commet « une grave négligence ».

« Le monde entier, en particulier l’Europe, se tourne vers la précarité de la Libye, divisée entre la Tripolitaine, la Cyrénaïque et le Fezzan. Mais une autre nation depuis le 22 février 2019 bat son plein: il s’agit de l’Algérie, où le mouvement « Hirak » poursuit ses protestations contre le système politique actuel », fait observer l’expert italien dans un article d’opinion publié sur le site d’information Mediterranews.

M. Baratto a fait remarquer dans ce sens que Bejaia, l’une des villes les plus importantes de la région de la Kabylie, et où vivaient Arabes et Berbères, s’est retrouvée au centre de l’actualité après une manifestation spontanée partie de la « maison de la culture » en scandant des slogans du mouvement « Hirak » avant de se transformer en confrontation avec la police.

« La situation algérienne est largement ignorée par l’opinion publique européenne et ceci est une grave négligence », a-t-il souligné.

« C’est une situation particulièrement importante, on ne peut pas la sous-estimer », a poursuivi M. Baratto, faisant observer que ces tensions se greffent sur une série de difficultés auxquelles la classe politique nationale n’a pas réussi à donner des réponses.

Par ailleurs, a-t-il enchainé, « des réponses claires doivent être apportées à la crise économique qui n’a cessé de frapper le pays et que la récente crise du pétrole brut n’a fait qu’accentuer en réduisant les réserves de devise forte conservée par le pays ».

« Autant de questions auxquelles la nouvelle présidence de la république doit apporter des réponses non seulement pour le bien-être des Algériens mais pour toute la région », a plaidé l’expert italien, relevant que la stabilité et le processus de démocratisation de l’Algérie est essentiel à la stabilité de la région, à la prévention des flux migratoires vers l’Europe, et à la lutte contre le terrorisme.

En outre, « une Algérie démocratique permettrait un plus grand dialogue avec le Royaume du Maroc pour mettre en place une stratégie régionale de lutte contre le terrorisme et pour le développement économique de toute la région », a-t-il soutenu.

En outre, « l’Algérie doit voir le Maroc comme un allié possible et non comme un adversaire, pour cela, elle doit éliminer toute source possible de friction à partir des provinces méridionales du Royaume qui peuvent être un vecteur de stabilisation pour toute une zone au potentiel énorme », a-t-il ajouté.