LE MESSAGE DE CONDOLÉANCES OPAQUE ET DOUTEUX DE LA PRÉSIDENCE ALGÉRIENNE À LA FAMILLE YOUSSOUFI

S/t. La distinction des traditions diplomatiques séculaires

Lorsqu’un grand serviteur de son pays, ou une personnalité ayant exercé de hautes fonctions, décède… les pays amis adressent des condoléances au chef de l’ État en tant qu’Institution qui représente l’ensemble du peuple du défunt.

Il est courant qu’on adresse aussi un message de compassion à l’épouse, à l’époux… aux enfants ou tout autre membre de la famille.

Deux exemples de marque pourront illustrer ces usages. Suite au décès d’Ahmed Ben Bella, Sa  Majesté le Roi Mohammed VI a  adressé un message de condoléances à Abdelaziz Bouteflika et également à la fille d’ Ahmed Ben Bella.

Il en est de même, après le décès de Jacques Chirac.  Sa Majesté le Roi a adressé deux  messages de condoléances, l’un au «Président Macron et à tous les Français» et l’autre  à Mme Bernadette Chirac.

Or, à la lecture du message envoyé à la famille Youssoufi par la présidence algérienne… ces traditions de courtoisie, et aussi de respect du à l’ âme du disparu semblent avoir été oubliées!

S/t. Les condoléances « douteuses » d’Alger

Alger a décidé que ces condoléances restent une affaire « exclusive » entre d’un côté « le régime algérien  » et de l’autre une « famille ». Celle de Youssoufi !

Le message ne fait aucune référence aux Marocains… ni à l’Institution qui les représente.
Mais, il comporte un paradoxe… le message cite le disparu en sa qualité  «d’homme d’Etat»!! Ce qui est vrai!

Or, si feu Abderrahamne Youssoufi… en plus d’être un authentique leader politique… était bien un homme d’Etat, c’est parce qu’il a accompli des missions au sein de l’Etat marocain.

Il l’a fait loyalement et patriotiquement au titre de «Premier Ministre» au sein du gouvernement de l’alternance, sous le règne de  feu Sa Majesté Hassan II, puis sous le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

S/t. Le parcours illustre d’Abderrahmane Youssoufi dans le Message Royal

Dans le message adressé à Mme Hélène Youssoufi, le Souverain a rappelé le parcours du défunt.

«Un pan entier de l’Histoire du Maroc contemporain porte la marque de sa personnalité singulière et de son style unique d’homme fidèle et loyal, clairement attaché aux principes et guidé par un sens éminent des responsabilités(…) »

« Son parcours fut voué à la défense des droits de l’Homme et sa vie politique fut jalonnée d’énormes sacrifices (…) Il a toujours témoigné un loyalisme sans faille aux symboles sacrés et aux constantes de la Nation (…) »

« L’illustre défunt s’était engagé, dès la première heure, dans la lutte anti-coloniale et avec quelle humilité et quelle abnégation, il consacra toute sa vie au service des Causes sacrées de son pays ».

Le message Royal a aussi  souligné que «le regretté disparu œuvra ainsi lors d’une étape historique marquante dans le processus de consolidation de notre choix démocratique et révéla sa stature d’Homme d’Etat, sage et chevronné».

Le Souverain a exprimé «Ses plus sincères condoléances et l’expression de Sa profonde compassion, à Mme Hélène El-Youssoufi et, à travers elle, aux proches du regretté disparu, à ses amis, à ses partisans, à sa grande famille politique nationale, notamment au Parti de l’Union Socialiste des Forces Populaires».

S/t. Les condoléances de Mme Hélène Youssoufi à Sa Majesté le Roi

Mme Youssoufi  a souligné  qu’ «Abderrahmane Youssoufi vouait à la Personne du Souverain une profonde affection paternelle, qu’il n’a eu de cesse de clamer et de démontrer, bien au-delà du cadre de l’exercice de ses fonctions officielles ».

Elle a aussi affirmé que  «si elle perd à titre personnel son mari et son compagnon de vie, le Maroc et les Marocains perdent également un fidèle serviteur qui a voué sa vie entière au service de ses Rois, de l’indépendance, de l’intégrité et de l’essor de son pays».

De profonds mots du coeur !!

S/t Une « appropriation équivoque » de la mémoire de Youssoufi dans le message d’Alger et dans l’article de l’APS en annexe

Un examen attentif du message montre qu’au-delà d’une éventuelle tristesse et affliction… il y a surtout une volonté d’Alger de « fourguer » certaines idées liées à un hypocrite attachement  au «Maghreb».

La famille Youssoufi a été bizarrement destinataire de la plus rébarbative langue de bois du régime algérien.

Le message parle  de « Bâtir l’édifice de l’Union du Maghreb arabe uni qui sert l’intérêt de ses peuples dans la solidarité, la fraternité et la paix, loin de toutes influences étrangères qui s’opposent à leurs ambitions légitimes» (sic!)

On imagine bien évidemment quels sont ces « peuples » du Maghreb selon les lubies d’ Alger ! Et surtout cette manipulation pour faire croire à des idées qui n’ont jamais existé.

Abderrahmane Youssoufi -farouche défenseur de l’intégrité territoriale de son pays- ne concevait un Grand Maghreb qu’avec 5 Etats… et rien d’autre !

Le message comporte aussi 6  répétitions douteuses du  mot  « Maghreb ». Il insiste lourdement sur les ambitions légitimes des peuples entravées par les influences étrangères abominables. Il évoque la guerre de libération bénie,… Bref toute la phraséologie habituelle algérienne qui dénature et travestit.

Il y a quelque part une volonté d’exploiter vilement la disparition de Youssoufi pour la mettre au service du conflit contre le Maroc. Manipuler la mémoire et les convictions de ce grand homme est regrettable.

Posons la question ! Le régime algérien a-t-il un jour permis à une personnalité historique intègre ou à un leader charismatique de la trempe de Abderrahmane Youssoufi… comme Hocine Ait Ahmed, par exemple, qui est mort exilé en Suisse… de participer à la gestion des affaires publiques de l’Algérie ?? Jamais! Et on connaît le malheur qui a frappé Mohammed Boudiaf.

Tous les leaders similaires ont été écartés ou éliminés. On ne rappellera pas les détails du triste sort réservé à des patriotes historiques comme Abane Ramdane, Mohamed Boudiaf, Mohamed Khider, Krim Belkacem,…et même Ferhat Abbas.

On ne s’attardera pas sur l’article de l’APS « en annexe ridicule » au message de condoléances intitulé pompeusement: «Décès de Abderhamane El Youssoufi: une étoile du Grand Maghreb s’éteint». Un tissu de contrevérités et de déformations.

Les diviseurs et fossoyeurs du « Grand Maghreb » y compris du Sahel et de l’Afrique auraient pu très bien se passer d’infliger ce message à la famille Youssoufi.