RÉACTION D’ALGER À LA RÉSOLUTION 2654 SUR LE SAHARA MAROCAIN. LE STYLE RONFLANT ET LE CULOT DE L’IGNORANCE

Il paraît qu’Alger a encore quelque chose à dire après l’adoption, le 27 octobre 2022, de la résolution 2654 par 13 voix contre deux abstentions (Russie et Kenya). Or, rien. À part ce  profond désarroi que la junte a tenté de dissimuler par le recours à une phraséologie éculée. Fossilisée. 

Le disque usé, vous ne le connaissez que trop: « décolonisation », « référendum d’autodétermination » et tout le toutim. Une fuite en arrière qui dénote l’impasse où se trouve le régime militaire voisin, resté prisonnier d’un discours tiers-mondiste hérité de la  guerre froide, en rupture avec son époque et en déphasage avec les nouvelles réalités géopolitiques. 

Pour la solution réaliste au conflit, le Plan d’autonomie jugé sérieux et crédible, le retour au processus des tables rondes selon le format initié par Horst Köhler (Maroc, Algérie, Mauritanie, polisario), la levée des restrictions imposées par la milice séparatiste au mouvement de la Minurso (et de la population séquestrée), le détournement de l’aide humanitaire…  la junte préfère regarder ailleurs.

Selon elle, cette résolution ne serait qu’un exercice de style. « Un exercice laborieux de rédaction dépourvu de la volonté d’orienter et de stimuler des efforts destinés à préserver la nature de la question du Sahara occidental », estime le département Lamamra. Une insulte donc à l’effort patient déployé par le Conseil de sécurité, à leur tête les États-Unis, pen-holder de la résolution, le secrétaire général de l’ONU, M. Antonio Guterres, son envoyé personnel, M. Staffan de Mistura, et son Représentant spécial chef de la Minurso, M. Alexander Ivanko. 

Dans le même esprit, le département Lamamra s’est permis une autre effronterie en essayant de pasticher la formule utilisée dans le paragraphe préambulaire n°23 de la résolution qui, en demandant aux agences onusiennes d’observer les « meilleures pratiques » de l’ONU dans l’acheminement des aides humanitaires aux populations des camps, a fustigé le détournement d’aide humanitaire internationale par le gang séparatiste avec la complicité criminelle des militaires algériens. Voici ce que cela donne sous la plume de l’auteur de la « déclaration »: « La résolution 2654 adoptée le 27 octobre 2022 résulte, comme ses devancières depuis la remise en cause par la puissance occupante de ses engagements envers le plan de règlement porté par la résolution n. 690 (1991), d’un exercice laborieux de rédaction dépourvu de la volonté d’orienter et de stimuler des efforts destinés à préserver la nature de la question du Sahara occidental et à lui appliquer scrupuleusement la doctrine et LES BONNES PRATIQUES des Nations unies en matière de décolonisation ». 

En reprenant à son compte cette formule, le département Lamamra croit tourner en dérision le Conseil de sécurité. Or, il ne fait que se ridiculiser lui-même.

Voilà donc quelques « bonnes pratiques onusiennes » auxquelles la junte doit désormais se soumettre: autorisation de l’enregistrement et du recensement de la population séquestrée, respect des droits conférés par le système onusien aux réfugiés, dont le droit à la carte de réfugié et à la libre circulation à travers l’Algérie, levée du blocus autour des camps de Tindouf, le choix entre rester dans le pays de « refuge », le retour au pays d’origine ou le départ vers un pays tiers.

Autant de droits bafoués par la junte qui ne rougit pourtant pas en se dressant comme le chantre du « droit des peuples à l’autodétermination ». Un droit qu’elle ferait mieux d’octroyer à son peuple qui revendique depuis 2019 un État réellement civil et démocratique.