Liz Truss, le choix des conservateurs pour retrouver un éclat thatchérien

Par Mohamed Saâd BOUYAFRI*

Réduire les impôts, relever les niveaux de croissance, libérer les investissements et lever les entraves réglementaires de la City. Ce sont les promesses de la nouvelle première ministre britannique, Liz Truss, qui ont trouvé un écho favorable chez les adhérents du Parti conservateur, voyant en elle l’incarnation du thatchérisme, toujours très populaire au sein de la droite, et la meilleure option pour succéder à Boris Johnson à Downing Street.

Cette assimilation à Margareth Thatcher n’est pas le fruit de cette seule campagne pour la direction du Parti conservateur, mais une image que Liz Truss a veillé à cultiver tout au long de son riche parcours politique. Lors d’une visite aux troupes britanniques déployées à Tapa, en Estonie, elle avait recréé l’une des photos les plus emblématiques de la « dame de fer », en posant debout depuis la tourelle d’un char portant un gilet pare-balles et un casque.

Pourtant, avant de se transformer en tory pur et dure, c’est chez les libéraux démocrates que cette mère de deux filles a lancé sa carrière politique.

Après avoir étudié dans un lycée public de Leeds, elle a dû braver le manque d’opportunités caractéristique des anciennes villes minières britanniques pour trouver sa voie. Une expérience qui, selon elle, l’a finalement amenée à passer à droite et devenir une conservatrice, au grand dam de ses parents qu’elle décrit, elle-même, comme « militants de gauche ».

Elle a ensuite rejoint la prestigieuse université d’Oxford où, comme de nombreux ministres, elle a étudié la politique, la philosophie et l’économie.

Chez les Tories, elle est élue député de la circonscription de South West Norfolk, dans l’Est de l’Angleterre, en 2010. Deux ans plus tard, elle occupera le premier de ses six postes ministériels sous trois premiers ministres différents, dont onze mois en tant que ministre des Affaires étrangères.

Connue pour son franc-parler et pour ses visions économiques libérales, la nouvelle première ministre croit fermement en la réduction des impôts et en l’économie de marché. Elle y voit la solution au risque de récession qui plane sur le Royaume-Uni et à l’envolée de l’inflation au-dessus des 10 %. Cette flambée de l’inflation jugule le pouvoir d’achat des Britanniques qui attendent de leur nouveau leader des réponses concrètes, en particulier sur la question de l’urgence énergétique qui se profile du fait de l’augmentation des factures de gaz et d’électricité.

Pour trouver ces réponses, Truss, 47 ans, a décidé de compter sur des personnalités loyales qui l’ont ouvertement soutenue durant sa campagne pour accéder à Downing Street. Ainsi, les clés de la diplomatie britannique ont été confiées à James Cleverly, qui a déjà passé deux années comme secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, avant un bref passage comme ministre de l’Education.

Le Trésor sera du ressort de Kwasi Kwarteng, qui a été promu au ministère des Finances, après avoir occupé le poste de ministre de l’Énergie, de l’industrie et des entreprises sous Boris Johnson. Tandis qu’au Home Office, c’est Suella Braverman, ancienne avocate de 42 ans qui a pris les commandes et qui devra gérer les fâcheuses questions des traversées illégales de la Manche et de l’externalisation des demandes d’asile au Rwanda.

Le très populaire Ben Wallace a été maintenu à la Défense, alors que Thérèse Coffey, amie de longue date de Truss, a hérité du ministère de la Santé et du titre de vice-Première ministre.

En plus des défis nationaux et internationaux, Mme Truss aura également pour mission de rassembler un parti conservateur décimé par une succession de scandales et qui est désormais largement dépassé par l’opposition travailliste dans les sondages d’opinion. À seulement deux ans des prochaines élections générales, le nouveau visage du conservatisme britannique aura à cœur de ne pas céder le pouvoir après 12 ans de règne sans partage.

*Journaliste MAP