La France et l’Europe doivent œuvrer pour la mise en place d’une alliance rénovée avec le Maroc, qui pourrait devenir le pivot dans les relations entre le Nord et le Sud, souligne le politologue Abdelmalek Alaoui.
Le Maroc est en train de changer de dimension et ambitionne d’assoir son statut de ‘’nouvelle puissance’’ africaine, ce qui aura un impact multidimensionnel sur les relations nord-sud, à condition qu’une ‘’communauté de destins’’ puisse voir le jour entre les deux rives, affirme le président de l’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS), dans une analyse publiée par le média français « La Tribune », sous le titre « ce que signifie la trajectoire du Maroc pour la France et pour l’Europe ».
Mettant l’accent sur le discours adressé par SM le Roi Mohammed VI à la nation, à l’occasion de la Fête du Trône, l’expert relève que le Souverain a cette fois érigé en priorité la mise en place urgente d’une nouvelle génération de réformes en faveur de l’égalité hommes femmes, près de dix-huit ans après la refonte profonde du code du statut personnel, et onze ans après l’inscription dans le marbre constitutionnel de l’égalité entre les sexes.
Le choix de cette thématique dans le contexte actuel renseigne sur les singularités du Royaume et l’explication de la trajectoire économique et sociale positive de cet État millénaire, qui a réussi – selon la banque mondiale en 2022- à ‘’afficher de meilleurs indicateurs budgétaires que la plupart des économies émergentes’’, analyse-t-il.
Selon lui, il n’est pas surprenant que SM le Roi cherche à dessiner un horizon stratégique plus large que les contingences de l’instant, en remettant sur le métier à tisser législatif la question du droit des femmes (…), pour donner un second souffle à cette réforme afin de corriger certains de ses dysfonctionnements.
Le président de l’IMIS jette, par ailleurs, la lumière sur la gestion par le Maroc de la crise du Covid, relevant qu’aux réponses tactiques telles que le confinement strict, le filet social géant ou la campagne de vaccination massive, le Royaume a mis en place des chantiers de long terme, à l’instar de la généralisation de la protection sociale pour tous les Marocains, la refonte du système de santé ou encore la mise en place de l’usine panafricaine géante de production de vaccins à la périphérie de Casablanca.
« Résultat : le pays affiche l’un des taux de létalité les plus faibles au monde et a réussi à redémarrer sa machine économique plus rapidement que des nations à niveau de développement similaire », note-t-il, soulignant que « ceci constitue un marqueur important du changement de dimension du Maroc et de sa future centralité dans les relations avec l’Europe et la France ».
Pour l’auteur, cette capacité à répondre aux urgences du moment tout en s’inscrivant dans les chantiers d’avenir est une qualité qui devrait inciter les pays du Vieux continent à miser davantage sur le Royaume. D’autant plus que ce dernier joue un rôle essentiel dans les questions de sécurité, d’immigration, et de coexistence culturelle et religieuse en prônant l’Islam du milieu.
Rempart contre tous les extrémismes, le Maroc est également devenu une base industrielle solide et une tête de pont pour les investissements européens en Afrique, grâce à la stabilité institutionnelle et macro-économique dont jouit le pays, fait-il observer.
« Reste donc pour Bruxelles et Paris à prendre la mesure du changement de statut et d’œuvrer pour la mise en place d’une alliance rénovée avec ce pays qui pourrait devenir le pivot dans les relations entre le Nord et le Sud », plaide l’auteur.