Des manifestations contre les autorités de la transition en Guinée ont fait un mort vendredi à Conakry selon le parquet, rapportent des médias.
Dans un communiqué lu sur la télévision publique, le parquet de Conakry a annoncé avoir été informé par un hôpital de la capitale guinéenne de la réception vendredi du « corps d’un homme de 58 ans qui a reçu une balle dans son lieu de travail ».
Le procureur de la République près le tribunal de première instance de Dixinn a annoncé dans un communiqué, publié par des médias locaux, une poursuite judiciaire contre les organisateurs de la manifestation « interdite » du 28 juillet.
Le procureur Algassimou Diallo indique que son parquet a saisi un service de police judiciaire pour enquête sur des faits présumés de « manifestation illicite, destruction d’édifice public et privé, provocation à un attroupement, coups et blessures volontaires, entrave à la liberté de circulation et complicité ».
Le procureur qui agit sur instruction du parquet général de Conakry, déclare aussi que quelque 57 suspects ont été interpellés avant, pendant et après la manifestation du 28 juillet. Certains d’entre eux seront jugés en flagrance dès lundi 1er août 2022, selon la même source.
Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coalition de partis, syndicats et organisations de la société civile qui avait appelé aux manifestations, a, quant à lui, fait état de « quatre morts et plusieurs blessés par balle dont cinq seraient entre la vie et la mort », dans un communiqué relayé par des médias.
D’autre part, quatre journalistes ont été « agressés par des manifestants » vendredi, a indiqué dans un communiqué le syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) qui « condamne avec la dernière énergie » ces actes « rétrogrades ».
Ces manifestations ont démarré jeudi à l’appel du FNDC pour dénoncer la « gestion unilatérale de la transition » par le pouvoir.
L’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (Anad), autre coalition formée de partis, de mouvements et d’associations, et l’ancien parti au pouvoir, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), se sont joints jeudi à l’appel du FNDC pour des manifestations à Conakry et le 4 août prochain sur tout le territoire national.
Les affrontements entre les forces de l’ordre et des jeunes ont éclaté à Conakry vendredi matin, avant de s’arrêter à la mi-journée pour reprendre après, notamment à Bambéto, Sonfonia et sur l’autoroute Le Prince, des zones situées dans la banlieue, selon des médias.
Des jeunes ont brûlé des pneus et renversé des poubelles sur la chaussée et caillassé les véhicules des forces de l’ordre qui ont riposté par des tirs de grenades lacrymogènes, selon les mêmes sources.
Le chef de l’Etat, le colonel Mamady Doumbouya, qui a renversé le 5 septembre le président Alpha Condé, s’est engagé à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de trois ans.
S’exprimant jeudi à Bissau, au cours d’une conférence de presse avec le président Emmanuel Macron, le président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Umaro Sissoco Embalo, a indiqué avoir convaincu les autorités à Conakry à accélérer le retour à la démocratie.
« J’étais à Conakry (…) pour faire comprendre aux autorités militaires la décision du sommet des chefs d’Etat que la transition ne peut pas dépasser les 24 mois. Elles avaient proposé 36 mois, mais on a réussi à les convaincre », a-t-il dit.
Ousmane Gaoual Diallo, ministre guinéen et porte-parole du gouvernement de transition, a toutefois déclaré que « ni le gouvernement ni la présidence ne confirment cette information sur la durée de la transition en Guinée ».