Exportation de gaz vers l’Espagne. Une première: les États-Unis détrônent l’Algérie et lui retirent un instrument de chantage «historique» sur le dossier du Sahara marocain 

Une très bonne nouvelle est venue ce mardi du royaume d’Espagne. Selon Cores, société espagnole chargée de la gestion des réserves d’hydrocarbures, les États-Unis ont couvert pas moins de  27% des importations espagnoles de gaz naturel durant le mois de février 2020, détrônant ainsi pour la première fois l’Algérie qui couvrait 22,6% du total des besoins espagnols et ce, depuis trois décennies.

Cette nouvelle donne géopolitique est d’une importance telle qu’elle casse désormais le monopole algérien trentenaire sur le marché espagnol et, du coup, retire au régime militaire voisin une carte qu’il a souvent utilisée pour faire chanter l’Espagne sur le dossier du Sahara marocain en particulier, et les relations hispano-marocaines en général.   

« Depuis plus de 30 ans, l’Algérie est le grand exportateur de gaz naturel vers l’Espagne. La dépendance est devenue telle que les divergences dans l’interprétation des contrats ou l’instabilité politique dans le pays d’Afrique du Nord ont provoqué des tensions. La situation a changé. Les États-Unis sont pratiquement autosuffisants et exportent les hydrocarbures», annonce la société espagnole Cores chargée de la gestion des réserves d’hydrocarbures, en se félicitant que «la sécurité d’approvisionnement de l’Espagne en hydrocarbures dépende (désormais) moins de l’Algérie».

En couvrant 27% des besoins espagnols en gaz naturel -7 924 GWh-, les États-Unis deviennent ainsi le principal fournisseur du royaume ibérique, qui a souvent souffert de la pratique de chantage par le régime militaire algérien, sponsor officiel du front séparatiste du polisario et de l’entité chimérique nommée « rasd ». 

Cette nouvelle donne vient chambouler les calculs du régime vert-kaki, qui pour contourner l’acheminement du gaz naturel algérien vers l’Espagne, via le territoire marocain, moyennant une redevance de 0,5 milliard de mètres cubes, s’était jeté à fonds perdus dans la construction d’un autre gazoduc maritime reliant Hassi R’mel à Almeria.

Une manoeuvre principalement dirigée contre le Maroc, mais dont les visées obscures sont également tombées à l’eau, après la découverte d’important gisements de gaz dans la région de l’Oriental marocain, Tendrara. D’après les prévisions de la société de prospection britannique, Sound Energy, le potentiel découvert est d’une ampleur telle qu’une partie sera même exportée vers l’Europe. Et ironie du sort, l’exportation du gaz de Tendrara se fera via le gazoduc qui servait à acheminer du gaz algérien vers l’Espagne, sachant que la propriété de ce gazoduc, après l’expiration du contrat tripartite Maroc-Algérie-Espagne, reviendra de plein droit au Maroc à partir de 2021.  

Mais passons, car le changement d’origine des achats espagnols d’hydrocarbures concerne également le pétrole. Le gouvernement de Pedro Sánchez a réorganisé les sources d’approvisionnement en pétrole depuis l’arrivée des socialistes au palais de la Moncloa en juin 2018. Parmi les changements les plus notables, figure la croissance constante des importations américaines de pétrole et la réactivation des achats au Venezuela. Entre octobre 2018 et le même mois de 2019, l’Espagne a multiplié par sept (+ 561%) les entrées de brut vénézuélien, jusqu’à 1,82 million de tonnes, tandis que dans le cas des États-Unis, elles ont augmenté de 58% en glissement annuel, jusqu’à 1,4 million de tonnes, selon les données de Cores. 

Tout bien considéré, Alger perd désormais une carte géopolitique qu’elle n’a eu de cesse d’utiliser pour tenter d’influer sur la position de l’Espagne concernant le dossier du Sahara marocain. Il y a des signes qui ne trompent pas: le discours du président du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, lors de la dernière assemblée générale de l’ONU (septembre 2019), avait clairement marqué une nouvelle étape dans la perception espagnole du conflit inventé de toutes pièces par le régime militaire algérien. Lors de ce discours, le chef de l’Exécutif espagnol avait ouvertement insisté sur la centralité du rôle de l’ONU dans la gestion de ce conflit, prenant ainsi à rebours les calculs d’Alger prônant un présumé rôle de l’Union africaine dans le monitoring de ce dossier. La dernière sortie de la MAE espagnole, Arancha Gonzalez, quand elle avait ouvertement réaffirmé la non-reconnaissance de l’entité cartonnienne « rasd » par l’Espagne, avait sonné comme une confirmation de la position de l’État espagnol sur le dossier du Sahara occidental… marocain.