Bien plus qu’un rituel échange de poignée de main, Sameh Choukri a eu droit à une accolade de la part de Nasser Bourita. C’est donc avec les bras ouverts que le chef de la diplomatie égyptienne a été accueilli par son homologue marocain, hier lundi 9 avril, au perron du siège du ministère des Affaires étrangères, à Rabat.
Loin d’être un fait anodin, la gestuelle peut-être plus parlante que les paroles elles-mêmes. Signe d’une entente étroite et complice entre deux sherpas de la diplomatie qui se connaissent bien, cette accolade renseigne à la fois sur l’état et l’élan que les deux pays veulent donner à leurs relations bilatérales. Dit autrement, une mise en abyme d’un avenir qui s’annonce prometteur de part et d’autre.
Il y a des signes qui ne trompent pas. Un, l’Égypte s’offre un siège flambant neuf et autrement plus spacieux à Rabat. Nasser Bourita a encore une fois sorti le ciseau pour couper le ruban inaugural, conjointement avec son hôte égyptien. Certes, non pas à Laâyoune ou Dakhla cette fois, mais qu’à cela ne tienne puisque Bourita et Choukri sortiront plus tard un communiqué conjoint réaffirmant solennellement le soutien de l’Égypte à l’intégrité territoriale du Royaume.
Au-delà de la portée politique et affective de cette visite, la première depuis 2016, les annonces faites conjointement par les deux chefs de la diplomatie augurent d’une phase inédite dans les relations des deux pays. Outre la coordination bilatérale, voire multilatérale au sein des organisations régionales et internationales (ONU, Ligue arabe, OCI, etc), sur les plans politique, sécuritaire, etc, les deux ministres ont annoncé l’élaboration d' »un nouvel agenda de coopération qui devra être concrétisé lors de rencontres de Haut niveau entre SM le Roi Mohammed VI et le président Abdel Fatah Al-Sissi ».
Activation des mécanismes institutionnels et application des accords conclus, tenue des mécanismes de consultation politique, consolidation de la coopération économique et dynamisation du conseil d’affaires maroco-égyptien… On n’est pas dans l’effet d’annonce moins encore dans l’effet de manche, mais bel et bien dans le concret, comme le démontre la fixation d’un échéancier pour l’élaboration du nouvel agenda de coopération « durant les prochains semaines et mois ».
Autant dire que les deux pays sont à un tournant historique de leurs relations bilatérales, voire au-delà des frontières respectives. Adossés à une grande histoire et civilisation, l’axe Rabat-Le Caire est désormais appelé à prendre la locomotive arabe à la lumière des profondes mutations géopolitiques qui se dessinent dans le monde.