La zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) est une opportunité qui exige plus qu’une ambition, un sens immodéré d’unité africaine, a indiqué vendredi l’Ambassadeur du Maroc en Afrique du Sud, M. Youssef Amrani.
S’exprimant lors d’un panel de discussion de haut niveau organisé par la Fondation Brandhill Africa sous le thème «Promouvoir le commerce et l’investissement pour faire avancer l’agenda de la Zlecaf», M. Amrani a déclaré que «la création de la zone de libre-échange continentale marque l’émergence d’un modèle pivot qui dessine de nouveaux horizons pour les aspirations africaines». Le cœur battant de ce projet continental étant de construire et promouvoir collectivement un co-développement plus solidaire, efficace et inclusif au service du citoyen africain, a-t-il dit.
Lors de ce panel auquel ont également pris part le Secrétaire Générale de l’institution, M. Wamkele Mene et un parterre de hauts responsables, le diplomate marocain n’a pas manqué de saluer le travail réalisé par le Secrétariat de la Zlecaf qui «n’a ménagé aucun effort pour promouvoir, faire progresser et mettre en œuvre ce processus d’intégration africaine».
Réitérant l’engagement plein et entier du Maroc à non seulement maintenir cette dynamique engagée, mais également à la renforcer et à l’approfondir, il a précisé que le Royaume a dans ce sens déposé ses instruments de ratification il y a deux semaines, en signe fort de son engagement pour ce projet.
«Le Royaume fait de l’intégration africaine une priorité de sa politique continentale. En atteste ses engagements indéfectibles pour apporter positivement sa contribution à l’agenda de l’Union africaine», a-t-il souligné. Chiffres à l’appui, M. Amrani a précisé que «l’Afrique concentre aujourd’hui les 2/3 des investissements directs étrangers (IDE) du Maroc, avec plus de 3 milliards de dollars investis dans le continent depuis 2008, faisant ainsi du Royaume le plus grand investisseur africain en Afrique de l’Ouest et l’un des deux plus grands investisseurs africains à l’échelle continentale».
L’Ambassadeur a, à cet égard, insisté sur le besoin d’enraciner des outils novateurs au cœur de ce projet continental, avec pour ambition première d’assoir «un espace de complémentarités grâce à la création de pôles de croissance régionaux interconnectés et d’avantages comparatif qui seraient autant de forces motrices pour les Communautés économiques régionales (CER)».
La promotion du commerce et de l’investissement est donc non seulement un outil puissant, mais surtout essentiel pour accélérer la mise en œuvre d’une base industrielle africaine et d’un secteur intégré des services qui répondront aux besoins spécifiques de notre continent, a-t-il défendu, soulignant que les volontés politiques sont appelées à épouser les exigences des défis multiples auxquels font face le monde en général et l’Afrique en particulier. Il est crucial de renforcer la résilience africaine en apportant des réponses urgentes et concrètes à des questions telles que la gestion de la santé et de la dette, les politiques sociales, la migration et le développement, suggère-t-il.
Relevant la nécessité de ne pas restreindre ou comprendre la zone de libre-échange comme une initiative purement et exclusivement économique, le diplomate marocain soutient qu’« il n’y a pas de libre-échange sans marchandises pas plus qu’il n’y a de libre-échange sans dialogue».
Abondant dans ce sens, il a déclaré : «L’Afrique est appelé à changer ses logiciels afin de promouvoir des politiques réussies basées sur la bonne gouvernance et l’innovation. Nous devons protéger les plus vulnérables d’entre nous et toujours fournir à nos peuples la confiance, la sécurité et le développement et c’est précisément cette même ambition qui préfigure l’accord de libre-échange africain».
En tant que telle, cette ambition s’inscrit parfaitement dans la Vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour une Afrique intégrée et prospère qui place le développement socio-économique du continent au cœur de ses priorités, a souligné le diplomate marocain.
Notant que la zone de libre échange continentale peut offrir des opportunités d’emploi aux 12 millions de personnes qui entrent sur le marché du travail chaque année, il a relevé que la question clé est maintenant de savoir comment transformer notre aspiration commune en une dynamique régionale concrète, conduisant à l’intégration économique, à la stabilité et à la sécurité durables, ainsi qu’à une prospérité partagée. «Le dialogue politique entre nos pays, ainsi que l’intégration, le libre-échange et l’interconnectivité des réseaux d’infrastructures devraient figurer au cœur de l’agenda africain afin de consacrer un environnement de stabilité sur le continent», estime M. Amrani.
Et de conclure que dans le monde globalisé d’aujourd’hui, nous devons constamment nous adapter à l’exigence de politiques orientées vers les objectifs. «Nous avons parcouru un long chemin en tant qu’Africains dans la formation de l’unité et la promotion de réponses communes aux défis auxquels nous sommes confrontés», a-t-il fait constater, relevant que «bien que l’accord de libre-échange africain est certainement une percée majeure à cet égard, cela ne signifie pas que nous avons réussi jusqu’à présent». Il faut pourtant reconnaître qu’il y a une forte volonté politique, de grandes opportunités et, surtout, des attentes larges de la jeunesse africaine qui doivent être satisfaites, a-t-il dit.