Par Khadija BOUTNI
A l’occasion de la sortie du livre « Malaise dans la société » du journaliste et écrivain Mohamed Jibril édité par les éditions Le Fennec, une rencontre a été organisée au sein de la fondation du Roi Abdulaziz Al saoud 10 Mars 2022 dans le cadre de son programme « Un livre, un auteur » en présence de Mohamed Sghir Jenjar, Directeur de la Fondation, l’universitaire et chercheur Mohamed Tozy et le journaliste-écrivain Driss Ksikes comme modérateurs.
L’audience était particulièrement composée d’intellectuels, d’acteurs associatifs et d’anciens camarades du ciné-club Al Azaim.
Le Professeur Tozy nous rappelle que la revue « Lamalif » (1966 à 1988), était le seul support où on pouvait écrire non seulement des articles journalistiques mais aussi des notes de lecture, des critiques cinématographiques, ou sur les arts plastiques.
Cette revue nous donnait aussi l’occasion de prendre connaissance des mutations de la ville de Casablanca, ainsi que des réflexions émanant d’intellectuels qui se sentaient impliqués dans ce qui se passait au pays.
Et, recoupe les écrits publiés lors de cette période aux 02 documentaires d’Ali Safi qu’il met – avec le recul- dans l’ère du temps.
Tenant compte de cette vision, l’écriture dans cette revue était austère et retraçait الزمن الجميل de cette période caractérisée par la soif des intellectuels de participer aux changements de la société.
« Lamalif » se distinguait par son côté précurseur: ses journalistes étaient les premiers à s’intéresser à l’Islam politique et se distinguait également par sa pluralité, son style qui invitait le lecteur à lire entre les lignes compte tenu du champ d’expression restreint de cette époque.
Ce climat n’empêchait pas Mohamed jibril, ce journalise modeste et à la limite de la timidité, d’écrire sur plusieurs thèmes et sous plusieurs pseudonymes à cause de l’insuffisance des ressources humaines.
Driss Ksikes qui fait partie de la génération post « Lamalif’ » se souvient de cette revue qu’il a découverte dans les années 90, de son souci culturel et trouve qu’on ne parle pas assez du foisonnement culturel de cette époque d’où l’importance du livre de M. Jibril qu’il trouve précieux.
Le titre qui fait allusion à Freud selon Driss Ksikes, retrace l’émergence de la société et la sublimation qui nous permet de sortir de ce malaise.
Pour lui, le « Malaise d’une société » exprimé à travers les 392 pages par Mohamed Jibril est un genre de puzzle recomposé et se demande: Qu’est-ce qui fait la vie dans une société? Ne sont-ils pas les jeunes, les lieux de scolarisation, les signes et les symboles vestimentaires de l’époque ? Les mutations et tout ce qui se crée comme tension dans la société, la question de la liberté, l’avancée du conformisme, la violence dans les stades, la libération de la femme et autres thèmes qui interpellent le lecteur.
Pour Driss Ksikes, cet ouvrage donne la possibilité de prendre connaissance de tout un travail invisible qui a contribué d’une manière ou d’une autre au changement.
Ce livre qui retrace 40 ans d’exercices de journalisme se veut une occasion pour les jeunes pour qu’ils prennent connaissance de ce qu’ont été les années 70 ainsi que la période de 2012 – mais ce derniers n’ont pas malheureusement été présents lors de cette rencontre.
Cette rencontre a offert l’occasion d’avoir des éléments d’approche au niveau politique, culturel et sociétal et d’avoir des échanges avec des professionnels du domaine journalistique. Parce que dans ce métier, il y a selon Mohamed Jibril toujours quelque chose à creuser, à découvrir et une fois que les textes sont écrits on est détaché.
Aussi, on devait travailler, explique l’auteur, tout en ayant le contact et la distance en même temps pour garder notre indépendance, notre dignité. Cet état d’esprit n’est pas toujours facile à gérer parce qu’il fallait critiquer, prendre position alors qu’on se trouve dans un milieu où domine la presse partisane, ce qui nous a appris à travailler dans la nuance et une permanente lucidité.
Mohamed Sghir Jenjar évoque à cette occasion, la revue Atlas des années 60/64 et, qui en la dépouillant, le lecteur sent un mouvement inspirant du changent ce qui est aussi valable pour la revue « lamalif » qui était non seulement le porte-parole de toute une génération, mais elle présentait aussi un moment historique qui nous permettait de prendre conscience des enjeux du moment.