La méga-sécheresse qui frappe l’Ouest américain depuis deux décennies est la pire enregistrée depuis 1200 ans, selon une étude publiée lundi dans la revue scientifique « Nature Climate Change ».
« Cette sécheresse de 22 ans bat toujours son plein », a déclaré l’auteur principal de l’étude et géographe à l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA), Park Williams, ajoutant qu’ »il est très, très probable qu’elle risque de durer 23 ans ».
L’étude a attribué en grande partie la gravité de ces conditions de sécheresse extrêmes, qui ont réduit les réserves d’eau, dévasté les agriculteurs et les éleveurs et contribué à alimenter les feux de forêt, au changement climatique provoqué par l’Homme.
« Sans le changement climatique, les 22 dernières années auraient probablement encore été la période la plus sèche depuis 300 ans », a souligné M. Williams.
Cependant, si les conditions actuelles auraient probablement été sèches même sans changement climatique, l’intensité de cette sécheresse aurait été beaucoup moins sévère, selon les auteurs de l’étude, qui affirment que le changement climatique lié à l’activité humaine est responsable d’environ 42 % du déficit d’humidité du sol dans la région depuis 2000.
Le changement climatique aggrave les sécheresses, car le réchauffement des températures entraîne une augmentation de l’évaporation, ce qui assèche le sol et la végétation. Selon l’étude, de 2000 à 2021, les températures dans la région étudiée étaient supérieures de 0,91 °C aux températures moyennes de 1950 à 1999.
Ainsi, au cours de l’été 2021, les deux principaux réservoirs du fleuve Colorado, le lac Mead et le lac Powell, avaient chuté à leur niveau le plus bas depuis le début du suivi des données, soit en 1906.
De même, l’Observatoire américain de la sécheresse indiquait la semaine dernière que 95 % de l’Ouest du pays connaissait des conditions de sécheresse. L’étude a porté sur la zone allant du sud du Montana au nord du Mexique, de l’océan Pacifique aux montagnes Rocheuses, région qui abrite aujourd’hui des dizaines de millions de personnes, d’énormes centres agricoles et certaines des villes à la croissance la plus rapide des Etats-Unis, le tout avec des ressources en eau de moins en mois abondantes.
« Notre société s’appuie sur le fait qu’il y a autant d’eau qu’il y en avait dans les années 1900, mais maintenant le nombre de molécules d’eau à notre disposition diminue, il est vraiment temps de prendre conscience de la quantité d’eau que nous pouvons utiliser », a relevé M. Williams.
Une méga-sécheresse se rapporte à une période de sécheresse à la fois grave et longue, de l’ordre de plusieurs décennies, durant lesquelles il peut y avoir des périodes où les conditions humides prévalent, mais pas de façon consécutive pour mettre fin à la sécheresse. C’est ce qui s’est produit lors de la méga-sécheresse actuelle dans l’Ouest américain, au cours de laquelle il y a eu plusieurs années humides, notamment en 2005.