Les gouvernements, espagnol et marocain, « ont convenu de redéfinir ensemble une relation pour le XXIè siècle, établie sur des piliers plus forts et plus solides » (Discours du Roi Felipe VI devant le corps diplomatique espagnol). « Le Maroc est un pays stratégique pour l’Espagne » (porte-parole du gouvernement espagnol, Isabel Rodriguez). « Nous avons convenu d’unir nos forces pour résoudre ce conflit (NDRL: Sahara) qui n’a que trop duré et pour lequel une solution doit être trouvée » (José Manuel Albares, ministre des Affaires étrangères, à l’issue de sa rencontre, hier mardi, à Washington, avec son homologue américain, Antony Blinken).
Autant de déclarations de « bonnes intentions » à l’adresse du Maroc mais au fond rien de concret de la part de Madrid pour solder une crise qui secoue les relations bilatérales depuis déjà une année. Le Maroc a pourtant été on ne peut plus clair pour affirmer que le retour à des relations normales avec le voisin du nord passerait nécessairement par une clarification politique de la position de Madrid sur la question du Sahara marocain.
Or, il s’avère que Madrid veut continuer de jouer sur les deux tableaux en affirmant que le Maroc est « un partenaire stratégique » tout en continuant de contrecarrer sa souveraineté sur ses provinces du sud.
Madrid aurait pu simplement s’inspirer du nouveau gouvernement allemand et se prononcer, comme l’a d’ailleurs fait le Conseil de sécurité de l’ONU, en faveur de l’offre d’autonomie, dont le caractère sérieux et crédible est salué dans toutes les résolutions.
M. Albares reconnaît certes que le conflit créé autour du Sahara n’a que trop duré. Il semble oublier toutefois que son pays, pour ne pas parler uniquement d’Alger, est responsable du statu quo mortifère qui continue d’envenimer la région.
Madrid ne veut pas de « contrepartie politique » au retour aux « affaires » avec le Maroc. Elle veut le beurre et l’argent du beurre…
Rabat est évidemment consciente de ce jeu… Elle doit maintenir la pression sur Madrid… Adossée à de fortes alliances, Rabat a plusieurs cartes à jouer pour faire plier un voisin du nord coriace et perfide.