Assurément l’année 2021 a été faste pour Fouzi Lekjae, l’homme, le président de la FRMF et le directeur du budget. Le Berkani a tout raflé, au cours cette année, en devenant membre du conseil de la FIFA, vice-président de la CAF et membre de l’UAFA (Union arabe de football). Et pour boucler la boucle de la réussite, il a été promis ministre délégué chargé du budget.
L’homme qui est un bosseur infatigable ne doit rien à personne car seuls son intelligence, son savoir-faire et son dynamisme débordant l’ont mené là où il est. Imprégné du pragmatisme des chiffres, doté d’un verbe facile et d’un charisme naturel, Lekjae a, durant des années, planifié, chiffré, analysé les données et mis la main à la pâte pour devenir « Monsieur Football ».
C’est comme cela que feu le Roi Hassan II appelait un grand homme du ballon rond de l’époque en l’occurrence feu Abderrazak Mekouar. Point commun entre les deux hommes: l’ambassadeur Mekouar a défendu le dossier du sahara marocain contre l’Algérie à la cour internationale de justice de La Haye et Lekjae l’a fait sur le plan diplomatico-sportif en mettant fin à la suprématie algérienne sur le football africain.
La saga professionnelle de cet ingénieur agronome et diplômé de l’école d’administration a commencé quand il a découvert sa vocation en devenant inspecteur des finances. C’est là où il a forgé sa personnalité en maniant les chiffres pour gravir les échelons et devenir le plus jeune directeur de budget qu’ait connu le Maroc à l’âge de 40 ans.
Sa réputation s’est accrue davantage dans ce poste où se confectionne la loi de finances et où se définit le budget de chaque ministère. Autant dire que les ministres de différents gouvernements se sont succédé devant le bureau de ce jeune homme, au visage d’enfant et à la rigueur comptable, pour lui demander de rallonger les budgets de leur département.
Sa saga footballistique a été entamée au sein du club de football de sa ville natale, la RSB (Berkane) qui croupissait en deuxième division. Là aussi son empreinte magique a dynamisé le club qui a pu retrouver l’élite de la Botola Pro en 2012. Depuis, le club a connu des années fastes en remportant la prestigieuse coupe du Trône et en se qualifiant pour la coupe de la CAF que la RSB a perdue devant la Zamālek.
Très occupé par sa fonction de directeur de budget et par la présidence de la FRMF, Lekjae a dû céder sa place à son successeur auquel il a remis le flambeau d’un club qui était sur le bon orbite. Depuis, Lekjae s’est investi dans la CAF qui a été dominée depuis des lustres par les Égyptiens, les Tunisiens et dans les deux dernières décennies par les Algériens.
Le Maroc reconnu pourtant comme une puissance footballistique du continent noir n’avait obtenu que des strapontins au sein de cette instance. En 2017 à Addis-Abeba, il mettra fin à cette injustice, et aussi aux carences de ses prédécesseurs dans ce domaine, en devenant le premier marocain a siéger en tant que membre du comité exécutif de la CAF.
Au cours de cette assemblée générale, Lekjae a réussi à battre, à plate couture, et à déboulonner l’indéboulonnable algérien Mohamed Raouraoua qui trônait sur le comité exécutif de la CAF depuis 2004. Le président de la FRMF réussira un autre coup de poker en juillet 2021 en évinçant ce même Raouraoua pour prendre sa place à l’UAFA (Union arabe de football).
Rien n’arrêtera plus le puissant chef de la diplomatie sportive marocaine qui va jouer un grand rôle lors de l’assemblée générale de la CAF qui s’est tenue à Rabat en mars 2021. Il commencera d’abord par prendre ses distances du président sortant de la CAF, Ahmad Ahmad, qui a été suspendu de ses fonctions pour détournement de fonds.
Ledit protocole de Rabat qu’il a concocté avec le président de la FIFA, Gianni Infantino, a permis de décanter la situation entre les quatre candidats à la présidence. L’Ivoirien Jacques Anouma, le Sénégalais Augustin Senghor et le Mauritanien Ahmed Yahya se sont ralliés au Sud-Africain Patrice Motsepe qui a été élu président de la CAF.
En fin tacticien, Lekjae a scellé une entente avec Motsepe dont les dirigeants de son pays sont hostiles à l’intégrité territoriale du royaume. Une entente salvatrice qui va lui permettre d’évincer les Algériens de la CAF et de la FIFA, de prendre leur place et de changer un article dans le règlement de l’instance africaine qui va faire très mal au régime algérien.
Il a fait d’une pierre deux coups, voire trois en devenant le premier marocain à siéger au conseil de la FIFA, à rempiler à la CAF et à faire passer un amendement qui barre la route à toute adhésion d’une fantomatique fédération de football polisarienne. Le rêve du régime algérien s’est évaporé car désormais toute association qui veut intégrer la CAF devra représenter un pays reconnu comme État indépendant et surtout comme membre de l’ONU.
Un amendement qui est passé sous le nez et la barbe du président de la fédération algérienne de football, kheireddine Zetchi, qui a été lynché par les médias à la botte de la junte militaire. En remportant ces victoires diplomatico-sportives, le président de la FRMF est devenu l’ennemi public numéro un de la presse algérienne qui ne rate plus aucune occasion pour le taxer de tous les maux.
Mais Lekjae n’en a cure, reste imperturbable et ne dégage aucune émotion de satisfaction ou de fierté car dans son for intérieur l’homme pense qu’il n’a fait que son devoir. Il laisse aux autres le soin de le juger comme l’a fait le président de la FIFA, Gianni Infantino, qui a une forte opinion de Lekjae et qui a salué ses efforts pour le développement du football reconnus, dit-il, au Maroc ainsi qu’aux niveaux régional et international.
Même son de cloche chez le président de la fédération de football sud-africaine, Danny Jordan: « Nous avons servi ensemble à la CAF, donc je le connais bien. Le football marocain va très bien depuis que Lekjae est président. C’est un très bon dirigeant, très expérimenté ».
Des hommages qui lui font certainement plaisir mais l’homme garde toujours les pieds sur terre et ne jubile aucunement. Sa devise est toute faite: « Qu’il s’agisse de football ou de toute autre activité, l’équation est simple: être un acteur et faiseur de décisions ou être dans une logique de spectateur qui applique et exécute les circulaires ».
Normal donc qu’après ce parcours jalonné de succès et cette fureur de vaincre, Fouji Lekjae soit promis ministre dans le gouvernement Akhannouch.
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