Gabriel Boric a été élu dimanche nouveau président du Chili, à l’issue du deuxième tour de l’élection présidentielle.
Leader étudiant, député à 27 ans, président à 35, Gabriel Boric souffle un vent de jeunesse sur la politique chilienne. Depuis les bancs de l’université de droit à Santiago, ce millenial à la barbe épaisse aspire à transformer radicalement son pays.
« Si le Chili a été le berceau du néolibéralisme en Amérique latine, il sera aussi son tombeau », avait-il déclaré lors de sa proclamation de candidature.
Après le dépouillement de 99,47% de voix, Boric a obtenu 55,86% des votes, contre 44,14% des votes pour son rival de droite José Antonio Kast. Ce dernier a immédiatement reconnu sa défaite et a félicité le président élu du Chili.
L’analyste politique Andres Grimbland a affirmé à la MAP que « c’est la première fois, depuis 1964, qu’un président est élu avec un score aussi important, qui frôle les 56% ».
Grimbland interprète ce pourcentage de voix obtenues par Boric comme un «vote contre l’extrême droite » que représente Kast, expliquant que le président élu a obtenu au deuxième tour plus de 31% de voix en plus par rapport aux votes recueillis lors du premier tour (25%).
La différence de 11 points de pourcentage entre les deux candidats a été qualifié « d’inédite » par la presse locale.
Après la proclamation des résultats, les partisans de Boric sont sortis en masse pour célébrer ce triomphe dans les rues de Santiago a coups de klaxons et de caravanes interminables de voitures.
La célèbre Plaza Italia, à quelques encâblures du palais présidentiel de la Moneda et qui a vu naître les manifestations d’octobre 2019 où Boric s’était vite distingué comme un leader des jeunes au verbe facile, était totalement paralysée par les manifestants.
Le président sortant Sebastián Pinera a félicité Gabriel Boric pour son triomphe avec un important taux de participation citoyenne (54,29%) qui « donne un nouvel exemple de la démocratie » au Chili.
Lors du traditionnel appel téléphonique entre le président sortant et le président élu, Pinera a invité Boric « à changer la jeunesse avec la prudence des cheveux gris », en référence au jeune âge du président élu.
« Tout les Chiliens -ceux qui ont voté pour vous et ceux qui ont voté pour Kast- espèrent que le pays aura un très bon gouvernement. Lorsque vous êtes assis dans le fauteuil d’O’Higgins (ancien président du Chili), vous ressentez une grande responsabilité », a déclaré Pinera à l’adresse de son successeur.
Pour Grimbland, l’orientation politique de Boric va s’inscrire dans la continuité des gouvernements du centre-gauche qui ont gouverné le Chili auparavant, sous les anciens présidents Michelle Bachelet et Ricardo Lagos. Ces deux derniers avaient d’ailleurs apporté leurs soutiens sans équivoque à Boric.
Dans son premier discours devant ses partisans dans le centre de Santiago, Boric a affirmé que son gouvernement, qui prendra ses fonctions en mars prochain, va introduire des changements structurels, dans le sens du renforcement de la démocratie et des libertés.
A ce propos, il s’est félicité que le Chili a installé, pour la première fois de son histoire, une Assemblée constituante qui va préparer la prochaine constitution du pays avec la participation des peuples originaux.
Boric a indiqué que l’objectif de son mandat est la réalisation d’une croissance économique soutenue pour pouvoir garantir des droits sociaux et une vie tranquille pour tous les chiliens.
Il a également promis d’œuvrer à la consolidation des libertés, des droits des femmes, des pensions dignes et à la défense de l’environnement.
Le candidat malheureux de la droite chilienne, José Antonio Kast, a immédiatement reconnu sa défaite et a souhaité plein succès à son rival, affirmant qu’à « partir d’aujourd’hui Boric est le président élu du Chili et il mérite tout notre respect et notre collaboration constructive ».