Lumières sur les salles obscures du royaume

« Le cinéma Rex y surplombait lourdement le Grand Socco, frontière mentalement infranchissable entre nous et le monde européen. Après la montée de la rue de la Liberté, nous longions le Grand Café de Paris avant de nous trouver, comme par enchantement, au coeur du troisième cercle, ne sachant où donner de la tête, entre le Mauritania, le Goya, le Roxy et le Lux… les quatre points cardinaux de notre cinéphilie imminente. C’était la fin de la magie et le début d’une belle histoire d’amour avec l’image ». Feu Nour-Eddine Saïl

La présence de ce préface posthume du feu Nour-Eddine, au sein du livre « Cinémas marocains, lumières sur les salles obscurs du royaume » de François Beaurain qui vient de paraître marque un moment solennel où la mémoire est bien prise en compte.

Enfin un livre sérieux vient de paraître et qui aborde un sujet très sensible dans le paysage cinématographique marocain. Il s’agit d’un travail minutieux autour d’une centaine de salles de cinéma au Maroc. L’occasion de les photographier dans l’état actuel et d’entreprendre une recherche documentaire très difficile dans un contexte d’absence d’archive, tout en donnant la parole à toutes ces personnes qui gravitent autour de ces lieux emblématiques.

 

 

 

 

La genèse de ce beau livre, publié en partenariat avec l’Académie du Royaume du Maroc et avec le soutien de l’Institut Français du Maroc, vient d’une rencontre improbable avec le cinéma Camera à Meknès où l’auteur a été pris par la main du temps pour lui ouvrir les portes de ces salles qui ont su garder le charme du temps passé.

Pour François Beaurain, cet ouvrage « est une invitation à découvrir la diversité et l’histoire d’un patrimoine exceptionnel. C’est avant tout un livre-photo, mais qui se veut également, à son échelle, le témoin d’une nostalgie, de l’amour que les Marocains ont eu et ont encore pour leurs salles. La parole y est donc souvent donnée à ceux qui les ont connues du temps de leur âge d’or. Le récit est illustré par de nombreux articles de presse ou d’extraits de livres, mais aussi par des interviews de professionnels (cinéastes et exploitants) afin de témoigner et de faire revivre ces cinémas. J’espère que vous aurez autant de plaisir à parcourir ces pages que j’en ai eu à me plonger dans cette aventure ».

En parallèle de la publication de ce livre, une exposition à la galerie CDA de Casablanca du 15 décembre 2021 jusqu’au 31 janvier 2022, où seront proposées, entre autres, des photographies en série limitée et en tirage Fine Arts.

Ce livre porte un regard serein sur un sujet préoccupant qui n’a pas cessé d’engendrer une polémique autour du déclin des salles de cinéma au Maroc. C’est un document de grande importance car il ne s’agit pas seulement d’une histoire d’édifices, mais c’est une histoire humaine et hautement marocaine qu’il faudrait prendre en considération afin de mettre en place une action au vrai sens du terme pour sauver cette partie de notre mémoire et de notre patrimoine.