Tinghir-Jérusalem… Rome-Casablanca… Dix ans après le film, Kamal Hachkar, un trophée à la main tout juste décroché au Sénat italien, vient d’embarquer à bord d’un vol « Rome-Casa ». Il répond à un appel de le Collimateur pour une réaction à chaud suite à sa distinction, jeudi soir dernier, du prix de l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée APM Award 2021. Au téléphone, sa voix résonne d’une émotion intense. L’artiste, on le sentait, était heureux et fier. Mais pas que… « Tu te rappelles certainement le grabuge suscité par les islamistes autour de mon film? », a-t-il dit.
C’était en 2012. Beaucoup d’encre a coulé sous les ponts… Qu’à cela ne tienne si, à la fin des fins, la reconnaissance est au rendez-vous. C’est un vibrant hommage au mérite et à l’audace de ce jeune cinéaste dont le film se voulait « un hymne à à la tolérance, à l’altérité et au vivre-ensemble » qui a marqué l’histoire judéo-marocaine.
« J’ai voulu donner une voix aux gens simples de ma région, juifs et musulmans, pour nous raconter une partie de notre histoire commune, qui était un exemple de tolérance », a-t-il expliqué. « Je pense à mes grands-parents, à mes parents, je suis issu d’une famille populaire », a-t-il dit d’une voix émue.
Il aura fallu cinq ans à Kamal Hachkar, entre le sud marocain et Jérusalem, pour raconter cette petite histoire dans la grande.
« Tinghir-Jérusalem » retrace le parcours de la communauté juive ayant quitté Tinghir dans les années 1950-1960. Kamal Hachkar emmène le public, à travers ce film, à la croisée des cultures et fait résonner les chants, les voix et les histoires de cette double identité partagée entre juifs et musulmans dans sa ville natale.