UN RAPPORT DESTINÉ AU CONGRÈS AMÉRICAIN S’INTÉRESSE À L’ARMÉE ALGÉRIENNE ET POINTE SA FORTE DÉPENDANCE ENVERS L’ARMEMENT RUSSE. DÉCRYPTAGE.

Le Centre de recherche du Congrès américain (CRS) a publié le 14 octobre un rapport intitulé « les ventes d’armes russes à l’étranger ». Dans ce rapport consulté par le Collimateur, l’Algérie pointe à la troisième position des plus gros clients de la Russie, arrivant juste après la Chine et l’Inde. « L’Algérie, un exportateur mondial d’énergie avec le plus gros budget de défense d’Afrique, est l’une des principales destinations de l’armement russe, derrière seulement l’Inde et la Chine« , souligne le think tank du Congrès américain, relevant que sur la période 2016 à 2020, l’Algérie représentait 15 % des Exportations d’armes russes.

Toujours selon le Centre de recherche du Congrès américain, « le renversement de Mouammar Kadhafi, auparavant un client de l’armement russe, et l’instabilité continue en Libye ont accru l’importance de l’Algérie en tant que client » de la Russie, deuxième plus grand exportateur d’armes. « La Russie apparaît déterminé à conserver sa part de marché en Algérie en raison de la forte demande et de la capacité de payer de l’Algérie« , note la même source, en dévoilant « une large gamme d’armes russes acquis par l’armée algérienne, y compris certains des systèmes les plus avancés disponibles, tels que les missiles balistiques à courte portée Iskander-E, les sous-marins diésel électrique de type Kilo, le S-300PMU2 et le Pantsyr-S1, missiles antichars; Yak 130 et Su-30MK FGA ; transports et hélicoptères de combat; chars de combat T-90S… »

Le rapport du CRS américain note la forte dépendance de l’Algérie envers la Russie, « bien que la Chine ait également fourni des équipements à ce pays d’Afrique du Nord, y compris de l’artillerie automotrice« . Il souligne également les balbutiements du voisin de l’est quant à l’éventualité de mettre en place une industrie de défense locale, malgré la création d’un certain nombre de co-entreprises avec des partenaires étrangers tels que le groupe italien d’aérospatiale et d’armements Leonardo et le conglomérat industriel allemand spécialisé dans l’armement et l’équipement automobile Rheinmetall.

Fièvre acheteuse mais sans réelle portée stratégique

À la faveur de l’embellie financière des années 2000, l’Algérie, plus gros budget défense en Afrique, stockait à tour de bras toutes sortes d’armement russe. Parmi les armes achetées et exhibées telles des trophées par l’armée algérienne, figurent notamment le système russe de missile balistique courte-portée ou moyenne portée, Iskander, le système mobile multicanal de missiles sol-air S-300 PMU-2…

Or, ces systèmes d’armement ont montré leurs limites une fois mis à l’épreuve de la guerre en Syrie et du conflit du Haut-Karabakh, entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie (automne 2020). S’agissant du missile Iskander, l’Arménie en a tiré durant la guerre de 2020 au Haut-Karabagh, un tir au moins de source ouverte, mais selon le premier ministre de ce pays, ils ont été inefficaces. Un tir vers la région de Bakou a été intercepté par un missile israélien sol-air Barak 8, selon Air et Cosmos.

Idem pour le système Pantsir. L’armée israélienne en aurait détruit un système appartenant aux forces armées syriennes en 2018; des drones turcs en ont détruit plusieurs pendant la guerre civile syrienne début 2020 lors de l’offensive de Maarat al-Nouman et Saraqeb. Ces destructions ont été pour la plupart filmées.

Et ce n’est pas tout. Au moins neuf systèmes Pantsir, 3 livrés par les Émirats arabes unis aux forces de Haftar, ont été détruits durant le premier semestre 2020 en Libye par des drones turcs fournis par la Turquie au gouvernement el-Sarraj durant la deuxième guerre civile libyenne.

La grande avancée technologique que connaît l’industrie des drones notamment a rendu à la portion congrue les capacité dissuasives de ces systèmes russes dont la fabrication remonte d’ailleurs à la moitié des années 90.