Meryem Assid, le nouveau souffle de la chanson amazighe

Il faut avoir de l’audace et de la détermination pour affronter l’univers de la musique au Maroc et lui présenter une nouvelle marque de fabrique comme du Jazz’Amazigh. Comment peut-on imaginer une telle rencontre entre deux univers extrêmement différents l’un de l’autre. Nous avons déjà vécu ce refus – non prononcé – de l’appellation « Jazz oriental » au temps de Rabih Abou-Khalil, grand musicien et compositeur libanais, un pionnier et un premier aventurier dans ce nouveau sentier qui va devenir par la suite le terrain de plusieurs expériences musicales, donnant lieu à ce qu’on va nommer  « la fusion ».

« Il faut transcender la tradition si l’on ne veut pas qu’elle meure », dixit Rabih Abou-Khalil mais dans le cas du Jazz’Amazigh, il s’agit d’une ouverture, d’un accueil sans prétention d’une musique tant écoutée par la jeune chanteuse Meryem Assid, que nous avons eu la chance de découvrir dans le cadre de l’édition digitale de VISA FOR MUSIC  2020.

Une belle révélation d’un nouveau souffle de la chanson amazighe, puisqu’elle représente cette génération qui porte en elle tout l’héritage de la musique et de la chanson amazighe avec la volonté de lui ouvrir d’autres horizons, qui sont susceptibles de la placer au devant de la scène mondiale.

 

 

 

 

A cette occasion, il est nécessaire de rappeler le travail remarquable de Brahim El Mazned, Directeur Fondateur de Visa For Music, ainsi que le directeur artistique du Festival Timitar des Musiques du Monde. Ce dernier et depuis 2004, la date de sa première édition, a su garder ce slogan portant un message fort « Les artistes amazighs accueillent les musiques du monde ».

Dans cet esprit d’ouverture, Meryem Assid a suivi un parcours journalistique tout en s’engageant dans des études spécifiques autour de la musique. Ce qui l’a amenée à étudier la notion du silence dans la musique du compositeur américain John Cage. C’est une aventure exceptionnelle dans l’univers musical de ce musicien étrange chez qui on a  décelé une apparenté musicale avec Erik Satie, surtout dans les ésotériques Gnossiennes ou les très sobres et célèbres Gymnopédies où l’épuration musicale incarne sa particularité musicale relative à l’absence de la ponctuation musicale tout en laissant aux pianistes comme seules indications des descriptions d’atmosphère au lieu des traditionnelles nuances.

Cette ouverture sur l’autre, ne peut que lui inspirer des projets de création où le dialogue est au cœur de ses préoccupations. Avec la complicité du musicien marocain Oussama Chtouki, Meryem Assid va entreprendre son projet « Jazz’Amazigh » choisi comme l’un des lauréats de la première édition de l’appel à projet « création et production du spectacle vivant » de l’Institut français du Maroc.

Pour faire découvrir cette création, Meryem Assid a fait une tournée en octobre dernier,  dans les instituts français du Maroc où le public a apprécié sa voix cristalline, qui fait écho de ce répertoire musical amazigh. Elle a su captiver le public par la vivacité de son interprétation, en revisitant des standards comme « Ahbibino rdik nmoun », en donnant une seconde vie à la chanson du légendaire chanteur et poète Lhaj Belaïd  « Ur telli tudert bla tayri » ou en présentant ces chansons écrites par elle, puisqu’elle est aussi poète.

Avec ces initiatives portées par des artistes éclairés, la chanson amazighe est désormais un héritage vivant qui peut être accueilli à bras ouverts par le monde.