RÉSOLUTION 2602 SUR LE SAHARA MAROCAIN. ALGER DÉFIE LE CONSEIL DE SÉCURITÉ ET MET EN DANGER LA STABILITÉ RÉGIONALE. DÉCRYPTAGE.

La réaction d’Alger à la nouvelle résolution sur le Sahara adoptée vendredi à la majorité écrasante du Conseil de sécurité (13 pour, deux abstentions: Russie et Tunisie), est finalement tombée. Dans une déclaration diffusée ce dimanche, le département des Affaires étrangères algérien conteste, une fois n’est pas coutume, vivement la résolution 2602, jugée « partiale » et « déséquilibrée ».  « Suite à l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de la Résolution 2602 (2021) portant renouvellement du mandat de la Minurso, l’Algérie exprime son profond regret quant à l’approche fondamentalement déséquilibrée consacrée par ce texte qui manque cruellement de responsabilité et de lucidité du fait du forcing malencontreux de certains des membres influents dudit Conseil« , lit-on dans ladite déclaration.

Dans cette déclaration qui résonne comme un cuisant aveu d’échec, Alger défie ouvertement l’instance décisive de l’ONU, accusée de « manquer cruellement de responsabilité et de lucidité« . « L’Algérie ne soutiendra pas cette résolution partiale qui a pour effet de conforter les prétentions exorbitantes de l’État occupant (Maroc, ndlr) dont elle encourage l’intransigeance et les manoeuvres visant à entraver et à pervertir le processus de décolonisation du Sahara occidental« , a-t-elle cru savoir, oubliant à l’insu de son gré que l’ONU qui ne reconnaît pas son proxit séparatiste nommé « polisario », faux-nez de la bêtise galonnée; elle n’a d’ailleurs jamais considéré le Sahara marocain comme étant « un territoire occupé« .

Contre la volonté du Conseil de sécurité, qui a appelé le nouvel Envoyé personnel du SG de l’ONU, l’Italien Staffan de Mistura, à relancer le dialogue politique sur la base des avancées réalisées depuis 2006, qui marque le lancement du processus de Manhasset, Alger veut remettre le compteur à zéro en appelant à une reprise sur la base du pourtant défunt « Plan Baker » présenté en 1991. « Par principe et par solidarité avec le peuple frère du Sahara occidental, l’Algérie attend du nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général qu’il inscrive strictement son mandat dans la mise en œuvre de la Résolution 690 (1991) portant le Plan de Règlement accepté par les deux parties au conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario, et adopté unanimement par le Conseil de sécurité« , a fait savoir le ministère.

Dit autrement, Alger veut remettre sur la table la fameuse option éculée, de surcroît impraticable de l’aveu même de l’ONU, du « référendum d’autodétermination« , qui n’est plus à l’ordre du jour du Conseil de sécurité depuis une vingtaine d’années.

Il apparaît donc à l’évidence qu’Alger ne veut pas d’issue politique au conflit qu’elle a elle-même créé, pour les raisons que tout le monde connaît: se ménager une issue vers la façade Atlantique via la création d’un « état croupion » tout en continuant à agiter l’épouvantail de « l’ennemi extérieur » pour détourner l’attention de ses crises internes.

Mais passons, car le ton de ladite déclaration est on ne peut plus menaçant. « Toute démarche qui ignore le droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple sahraoui sera contre-productive, injuste, dangereuse, et ne fera qu’ajouter un surcroît de tension et d’instabilité dans la région« , fait miroiter Alger. 

À travers cette réaction, Alger, outre le ton inacceptablement menaçant, apporte la preuve à qui veut encore bien voir ou entendre, qu’elle est bel et bien partie prenante au conflit. Elle démontre aussi et surtout qu’elle ne veut pas de solution au conflit plus que quarantenaire créé autour du Sahara marocain.

Une réponse énergique de la part de l’ONU, notamment son instance décisive, s’impose. On ne badine pas avec la stabilité et la paix de toute une région.