Le fabuleux destin de Fouzi Lekjae

Le nouveau ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjae, n’est plus à présenter car l’homme s’est, depuis longtemps, construit une réputation de bosseur infatigable qui réussit là où il met la main à la pâte. Que ce soit en tant que directeur du Budget au ministère des Finances ou comme président de la FRMF, il ne recule devant rien quand il se fixe un objectif.

Ingénieur agronome et diplômé de l’École nationale de l’administration, il a fait une brillante carrière en tant qu’inspecteur des finances avant de gravir les échelons pour devenir le plus jeune directeur de Budget qu’a connu le Maroc. Ce natif de Berkane rallie le conservatisme et la droiture des gens de l’Oriental au pragmatisme administratif et à la réalité des chiffres.

Autant dire que l’homme peut s’ériger en diplomate invétéré tout comme il peut casser la baraque quand il se sent visé en tant que personne ou en tant que Marocain notamment dans les forums footballistiques. Lekjae est certainement le seul ministre, peut-être dans l’histoire du Maroc, qui a hérité d’un département qu’il maîtrise depuis dix ans en tant que directeur du Budget.

C’est dire qu’il a donné satisfaction à tous les ministres de l’Économie et des finances ainsi qu’aux chefs du gouvernement avec lesquels il a travaillé. Ses détracteurs, ils sont nombreux, ceux qui n’aiment pas la réussite, l’accusent de délaisser sa responsabilité au ministère pour s’occuper de football.

Mais c’est mal connaître l’homme qui sait déléguer sans jamais fermer l’œil sur ce qui se passe dans son département. Détrompez-vous ! L’air débonnaire et passif de Lekjae cache un homme à poigne qui ne fait jamais de concessions à quiconque. S’il a été le maître des horloges à la direction du Budget où les ministres le sollicitaient pour débloquer ou rallonger leurs budgets, il l’a été, tout aussi brillamment, à la tête de la fédération de football.

Outre la réhabilitation de l’équipe nationale, Lekjae a contribué fortement à la restructuration du football national tant au niveau de ces infrastructures que de sa gestion:  Complexe Mohammed VI de football, académies, terrains de proximité, centres de formations régionaux, mise à niveau de la gestion des clubs, etc. Mais sa plus grande réussite demeure, sans conteste, sa percée en diplomatie footballistique dans le continent africain.

Non seulement il est devenu vice-président de la CAF et membre de la FIFA mais, là aussi, il est devenu le maître des horloges du football africain en évinçant les indéboulonnables algériens de cette confédération. Mieux encore, il a réussi à faire passer, sous le nez du président de la fédération algérienne de football, un amendement qui ferme la porte à toute tentative de l’Algérie d’introduire sa « république » fantoche au sein de la CAF.

Fin diplomate aussi, ce sacré Fouzi Lekjae ! Mais s’il constitue un atout pour le nouveau gouvernement, son départ serait considéré comme une grosse perte pour le football national. Car il paraît difficile pour lui, aujourd’hui, de concilier sa grande responsabilité de ministre avec son poste de président de la FRMF.

A moins qu’il délègue ses pouvoirs à son vice-président tout en continuant à jeter un œil sur le gestion d’un football dont il a grandement transformé la gestion et consolidé les ressources financières.