Alors que les tractations tripartites (RNI-PAM-PI) se poursuivent dans un absolu secret, les corps élus continuent d’élire leurs présidents et autres bureaux. Si la victoire du RNI aux Législatives n’a pas donné lieu à des manifestations de joie criardes, la Colombe semble avoir opté pour le triomphe modeste, ce n’est pas le cas dans les antennes du trio gagnant à l’issue des échéances du 8 septembre. Des vidéos virales circulent depuis quelques jours sur les réseaux sociaux. Dkaykeya et danses collectives à la clé, avec les youous et autres « Sla o Slam.. » à l’appui. Le tout dans une reproduction à l’identique des fêtes familiales à la sauce marocaine. Rien n’interdit de fêter « un moment d’inflexion ». Mais, en faire trop serait prendre à la légère le travail qui attend les élus devenus responsables des territoires.
Dans son acception générale, pour reprendre une assertion de François- André Isambert et Jean-Pierre Martinon sur Le Rituel festif (in universalis.fr), « La fête marque les temps forts des activités sociales« . Du fait, qu’elle délimite les frontières séparant le quotidien de l’exceptionnel.
L’on comprend, dès lors, le fait que les candidats qui gagnent, tout comme leurs proches, familiaux, sympathisants ou co-partisans, donnent libre cours à leur joie au moment de l’annonce du verdict des urnes.
Rien d’anormal, pour revenir au Rituel festif, puisque la fête est « souvent un temps de transition, obligeant les participants à insérer leurs multiples pratiques économiques, mais aussi culturelles, formant le tissu social des interrelations subjectives, dans un ensemble consensuel dont l’acceptation est théâtralisée par les divers acteurs sociaux ».
Avec toutes les réserves qui s’imposent, rien n’empêche d’extrapoler le postulat sur la scène politique. A cette exception près que la fête « normale » est circonscrite dans le temps, alors que celle relative au champ politique est censée être annonciatrice de futurs moments de labeur.
Fêter une victoire politique n’est certes pas un rite, mais un rituel qui emprunte au rite quelques-unes de ses manifestations. Sauf que le temps festif politique n’obéit pas forcément à des pré-réglages. Il advient dans une quasi spontanéité. Il y a toujours « quelqu’un » qui y pense avant, qui s’y prépare et en conçoit même la déclinaison.
Or, ce quelqu’un peut être une personne ou un groupe de personnes qui, à travers l’acte de « fêter », entraîne leur communauté. Cette communauté présente dans cet « instant festif ».
Dans la culture politique marocaine, on ne dispose probablement pas d’un dispositif codifié pour fêter une victoire. Tout au moins, il n’est pas « visible ». Les moments festifs en la matière relèveraient, en fait, du « discret ». À la limite, on voit le chef du parti gagnant, sobre devant micros et caméras, entouré par certains proches collaborateurs, annoncer qu’il honorera ses engagements de campagne, que les actions à venir répondront aux attentes des citoyennes et des citoyens et qu’il lancera au plus vite les tractations avec d’autres formations politiques pour la constitution de sa majorité.
Concis, précis ! Car, il y a encore du travail à faire. Les déclinaisons au niveau des territoires, loin des QG, n’obéissent par à la même démarche. Ils sont même à la limite de l’exagération.
Bien entendu, en face il y a les perdants qui guettent les moindres faux pas pour gâcher la fête des gagnants.