Depuis sa nomination en juillet dernier à la tête du département des Affaires étrangères, José Manuel Albares a fait de la discrétion et de la prudence ses meilleures alliées pour tenter de replâtrer les relations maroco-espagnoles mises à mal par les maladresses de sa prédécesseure, Arancha González Laya.
Sa sortie lundi 30 août devant le Congrès intervient alors que les négociations entre Madrid et Rabat vont bon train pour solder la crise inédite due au transfert, le 18 avril dernier, sous fausse identité et avec des documents de voyage trafiqués par les services algériens, du chef des milices séparatistes, Mohammed Benbattouche, alias Brahim Ghali, vers un hôpital de Logroño, à Saragosse.
Lors de cette première sortie, tout ou presque y est passé: Relations entre Rabat et Madrid, question du Sahara, rupture par Alger de ses relations diplomatiques avec le Maroc et, last not least, ce coup d’arrêt mis par le voisin de l’est au gazoduc Maghreb-Europe…
Premier indicateur, et il n’est pas des moindres: M. Albares a clairement indiqué vouloir s’entendre « extraordinairement bien » avec le Maroc car « de nombreux intérêts de l’Espagne sont en jeu« .
« L »Espagne est en pourparlers avec le Maroc et l’Algérie après la rupture des relations entre ces deux pays amis et partenaires« , a-t-il ajouté, conciliant.
M. Albares ne s’est toutefois pas privé de lancer une pique à fleuret moucheté à Alger, en insinuant que la rupture par cette dernière de ses relations avec le Maroc est susceptible d’aggraver la fragilité de la stabilité dans la région du Maghreb, « deuxième marché pour l’Espagne après l’UE ».
La rupture par Alger du contrat du gazoduc reliant l’Algérie à l’Espagne via le Maroc, a d’ailleurs été soulevée par un député du Parti populaire (PP). « Nous parlons aux deux pays et personne ne devrait s’inquiéter en Espagne car l’approvisionnement en gaz n’est pas en danger« , a répondu M. Albares.
L’Algérie est le principal fournisseur de gaz pour l’Espagne et environ la moitié de cette ressource provient du gazoduc Maghreb-Europe, qui relie les champs algériens de Hassi R’Mel et le détroit de Gibraltar en passant par le Maroc.
Mais passons, car il y a un autre point de friction: la question du Sahara marocain. Alger s’est toujours servi de « l’arme » du gaz pour faire chanter l’Espagne sur cette question. Un député de EH Bildu, parti basque réputé être proche d’Alger et de sa thèse séparatiste, a d’ailleurs interpellé M. Albares sur ce dossier. Sur le point de savoir si l’Espagne allait changer de position, après la reconnaissance US de la marocanité du Sahara, M. Albares a renvoyé le respectable député basque à la position traditionnelle de l’Espagne, soit une solution politique dans le cadre des Nations unies.