Deux généraux, un Marocain et un Américain, évoquent les enjeux de la 17e édition de l’African Lion, devant le portrait du Roi Mohammed VI, Chef suprême et Chef d’État-Major Général des Forces Armées Royales. « Cet exercice a sans doute atteint un degré de maturité qui atteste de la force des relations de coopération entre nos armées respectives« , dit le Général de Corps d’armée, Commandant de la Zone Sud, Belkhir El Farouk. « Le plus grand exercice militaire américain jamais mené sur ce continent« , enchaîne le Général de division américain Andrew Rohling, Commandant général adjoint pour l’Afrique et commandant de l’unité opérationnelle de l’armée des États-Unis pour l’Europe méridionale et l’Afrique.
Passons sur les considérations tactiques de l’édition 2021 de cet exercice inter-armées, multi-domaines (Air, Terre, Mer), l’envergure des effectifs humains déployés (7.800 militaires, 21 observateurs multinationaux, l’ampleur des moyens militaires mobilisés et le budget alloué à cette édition (24 millions de dollars américains). Evoquant « l’évolution de la géopolitique mondiale », le Général El Farouk Belkhir insiste sur la nécessité d’une action militaire « plus multinationale » pour faire face aux « menaces hybrides utilisant des modes d’action multiformes« .
Émanant d’un stratège de guerre, cette phrase nous place d’emblée au coeur des nouveaux défis géopolitiques qui se posent à l’échelle régionale, continentale et mondiale.
Parlons clair, parlons vrai: Ce n’est pas pour une simple randonnée que la plus grande puissance militaire au monde, les États-Unis, envoie chaque année au Maroc des milliers de soldats tous corps confondus et mobilise à cet effet des moyens herculéens. “Nos alliances sont ce que les militaires appellent des multiplicateurs de force”, a dit le Secrétaire d’État américain, Antony Blinken, le 3 mars 2021, qui marquait le démarrage de l’exercice aéronaval maroco-américain “Handshake Lightning« , dans les eaux territoriales du sud marocain.
African Lion 2021: les enjeux géopolitiques
Il faut souligner que la 17è édition de l’African Lion intervient six mois après la reconnaissance américaine de la souveraineté du Royaume du Maroc sur ses Provinces sahariennes. Il faut souligner aussi que cette décision a plongé dans le désarroi un voisinage résolument hostile, en l’occurrence l’Espagne et l’Algérie. Il n’est pas besoin de rappeler toutes les manifestations d’hostilité en provenance de l’est et du nord des frontières du Royaume, tellement elles sont nombreuses.
Une nervosité extrême qui tranchait avec le calme olympien d’un Royaume fort, confiant et résolu dans la défense de ses droits territoriaux. L’intervention du 13 novembre 2020 à El Guergarat, au-delà de la réalisation de sa finalité immédiate, -réduire à néant la capacité de nuisance des milices séparatistes, aussitôt délogés de la zone tampon du Sahara-, se prête à lire à la lumière de la stratégie de dissuasion préparée patiemment par le Maroc, à l’abri des projecteurs et des regards indiscrets.
Nous sommes loin des démonstrations de « fArce » du régime militaire algérien, organisés parfois à la lisière de notre frontière est, le Maroc a toujours su cultiver le secret sur ses capacités militaires. Cette discrétion savamment entretenue sur ses capacités de combat et sa projection de puissance est regardée évidemment d’un oeil inquiet par le voisinage immédiat. C’est ce qui explique souvent leur fébrilité outrancière, parfois puérile, comme on l’a vu lors des récents événements de Sebta où des unités militaires espagnoles se sont « lâchées » contre des mineurs sans défense!
Une provocation que l’Espagne paiera cher, comme le démontre l’exclusion de son armée de l’Afrique Lion 2021. Une occasion ratée avec un rendez-vous à haute valeur stratégique qui place désormais le Maroc en tant qu’acteur clef de la nouvelle carte géopolitique mondiale.