Vidéo. Murcie: Le témoignage poignant de la veuve espagnole du jeune Marocain Younes Blal, victime d’un terrible crime raciste

Première sortie médiatique de la veuve espagnole de Younes Blal, un jeune marocain originaire de Béni Mellal, qui a été tué à bout portant dimanche dernier par un espagnol, dénommé Carlos, dans un cafétéria de la localité Mazarron, à Murcie. Dans un entretien au quotidien « El Español « , Andrea, balaie d’un revers de manches la thèse du « règlement de comptes ». 

À la question de savoir si Younes et son tueur se connaissaient ou se sont déjà disputés, la veuve apporte un démenti catégorique: « Ils ne se connaissaient pas du tout. Ils ne se sont  jamais parlé et ils ne s’étaient jamais disputés. Nous ne savions pas qui était cet homme avant dimanche 13 juin« .

Pour Andrea, Younes fut l’exemple du bon père de famille. « Il y a onze ans, après un premier mariage malheureux, je me suis liée à Younes et depuis, nous avons pris un loyer rue Sanotel, à Mazarron« , se souvient-elle. « Younès a toujours traité les enfants de mon précédent mariage comme s’ils étaient les siens« , témoigne-elle, ajoutant que l’enfant qu’elle a eu de Younès, Rayane, était traité de la même manière que ses enfants nés de son précédent mariage, Francisco Javier, 19 ans, et Gloria, 13 ans.

Andrea, une femme brisée

Andrea est depuis ce dimanche de triste souvenir, une femme brisée, impuissante. À la douleur incommensurable due à la perte de sa douce moitié, se conjugue l’incertitude quant à l’avenir des enfants. « J’ai trois enfants à charge en plus d’une traite de 350 euros que je dois payer chaque fin de mois« , dit-elle, ajoutant que Younès n’a jamais lésiné sur aucun moyen pour les rendre heureux. « Le pauvre travaillait dans tout ce qui lui arrivait: il alternait les métiers de peintre et de maçon« , se remémore Andrea. Elle fond en larmes lorsqu’elle se souvient que « Younes s’est occupé de rénover la maison, de ses propres mains« .

 

 

 

 

« Merci pour toutes ces années, merci pour tout ce que tu nous as donné (…) J’espère que vous continuerez à prendre soin de nous du ciel, surtout Ryan, et ma mère, qui me rend très triste. J’espère que tu vas bien là où tu es et que tu sais que je ne me lasserai pas de te dire merci pour tout. Je t’aime« , s’émeut Andrea. 

Crime raciste

« J’espère que le juge enverra en prison le tueur de mon mari dès sa première comparution« , a-t-elle insisté. « Mon mari a été tué par un raciste« , a-t-elle précisé. « C’est un tueur de sang-froid« , s’est-elle ajouté, déplorant la manière horrible dont le père du troisième de ses enfants a été tué.

Le caractère raciste du crime a été confirmé par les serveurs de la cafétéria où Younès s’était rendu dimanche 13 juin, en compagne de quelques amis. Les témoignages des employés de la Cafetería dite « El Muelle » et des amis du défunt abondent dans le sens de la xénophobie, bien que la Garde civile n’exclue pas d’autres motifs possibles pour clarifier ce qui a poussé Carlos à tirer sur Younes à deux reprises.

Une serveuse d' »El Muelle » a assuré que le tueur avait passé l’après-midi à la cafétéria et exprimé son malaise face à la présence de clients marocains. « Je ne veux pas de Maures ici » ou « Les Maures n’ont pas de papiers » sont quelques-unes des phrases que ce madrilène de 52 ans, qui vit à Mazarrón depuis des décennies, aurait prononcées.

Ce meurtre a provoqué choc et incompréhension au sein de la population immigrée de Mazarrón, devant l’indifférence totale des autorités espagnoles. Plusieurs dizaines de compatriotes se sont rassemblés hier lundi devant les locaux de la Garde civile pour réclamer justice pour Younès.