Agences de voyages: voit-on le bout du tunnel ?

La décision de la reprise des vols de et vers le Maroc avec des autorisations exceptionnelles n’est pas passée inaperçue chez les agences de voyages, pour qui l’heure de la reprise n’a que partiellement sonné.

Ces opérateurs, fortement malmenés par les effets néfastes de la crise sanitaire, ont témoigné récemment d’un rebond de leur activité, boostée par le nombre important de réservations de voyages réalisées en un court laps de temps.

Cette ruée sur les billets d’avions est d’ailleurs confirmée par la compagnie nationale Royal Air Maroc (RAM) qui a fait état d’environ 120.000 réservations enregistrées peu après le lancement de son dispositif exceptionnel mis en place pour faciliter le déplacement des Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Toutefois, si les ventes de billets affichent bonne mine, les performances des autres produits commercialisés par les agences peinent à retrouver des couleurs. Cette diversification du portefeuille et l’équilibre entre les différentes prestations figurent parmi les traits saillants du modèle économique de ces acteurs, pour qui il est prématuré de se prononcer sur un retour au normal.

Parmi les produits phares qui rapportaient gros aux agences de voyage en temps normal, figure le pèlerinage, qui est limité cette saison aux Saoudiens et aux résidents en Arabie saoudite de différentes nationalités, en raison de la situation qui prévaut dans le monde avec la poursuite de l’évolution de la pandémie du coronavirus et l’apparition de nouveaux variants, ce qui prive ces entités d’un cashflow tant crucial pour leur survie.

Contacté par la MAP, Khalid Benazzouz, président de l’Association des Agences de voyage Casablanca-Settat, a salué la décision de la reprise des vols qui vient, selon lui, s’ajouter aux mesures récentes d’allégement des restrictions sanitaires, « apportant une bouffée d’oxygène pour un secteur en pleine crise ».

Toutefois, le caractère imprévisible des indicateurs épidémiologiques, déterminant les conditions de la reprise, met toujours les opérateurs dans le flou et impacte la relance de leurs activités, a estimé M. Benazzouz.

Et de tirer la sonnette d’alarme sur la situation d’un certain nombre des professionnels essoufflés par l’accumulation des charges, telles que les impôts et les dettes, appelant à une aide soutenue de l’Etat, sans laquelle les agences de voyages ne pourront pas reprendre l’activité.

M. Benazzouz a appelé également à soutenir les agences, en faisant appel à leur services d’intermédiation dans le secteur touristique afin de générer des marges suffisantes pour rétablir leur rentabilité.

Au sujet de l’informel, il a déploré une concurrence déloyale émanant de ce type d’acteurs qui proposent des produits relevant du portefeuille classique des agences de voyage.

Le fort engouement pour l’offre spéciale de la RAM en faveur des MRE, envoie des signaux positifs à l’ensemble des acteurs touristiques, à l’approche d’une saison estivale sur laquelle le secteur porte beaucoup d’espoir pour renouer avec la croissance.

Avec une longue expertise en termes d’organisation des séjours domestiques, les agences de voyage seront au rendez-vous avec une importante clientèle assoiffée pour découvrir l’ensemble de richesses dont recèle notre pays.

Une telle occasion appelle l’esprit commercial et créatif de ces agences pour concevoir des offres sur mesure, tout en respectant un rapport qualité-prix optimal, tant convoité en ces temps de crise où le pouvoir d’achat est à son plus bas.

Véritable levier de relance, le tourisme interne marque un retour en force, propulsé par la mise en place d’une marque dédiée par l’Office National Marocain du Tourisme (ONMT) intitulée « Ntla9aw Fbladna », destinée aux Marocains, aussi bien locaux que résidents à l’étranger (MRE), pour renforcer leur sentiment d’appartenance et donner envie de découvrir leur pays.

Les autorités marocaines ont décidé la reprise des vols de et vers le Royaume à compter de ce mardi 15 juin. Ces vols s’effectueront dans le cadre d’autorisations exceptionnelles vu que l’espace aérien marocain est toujours fermé.