Par Nabila Zourara (MAP)
Réunis pour la première fois en présentiel depuis le début de la pandémie, les sept superpuissances mondiales entament samedi, l’examen des questions les plus pressantes de politique internationale, avec l’espoir de pouvoir apaiser les tensions crées en Irlande du Nord après le Brexit.
Cette question épineuse qui s’invite à la deuxième journée de pourparlers entre les dirigeants du Royaume-Uni, les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, le Canada, l’Italie et le Japon, risque de gâcher la rencontre entre le club des 7 censé montrer un front uni face aux défis des crises sanitaire et climatique.
Après une prise de contact paisible la veille sur la côte de station balnéaire de Carbis Bay au sud-ouest de l’Angleterre et une réception officielle offerte par la reine Elizabeth II sous les serres de l' »Eden Project », les sept dirigeants devraient entamer leurs discussions autour des dossiers très chauds, dont celui de l’Irlande du Nord.
Par ailleurs, une rencontre est prévue entre le premier ministre Boris Johnson et le président français Emmanuel Macron qui a critiqué cette semaine l’attitude de Londres au sujet des nouvelles dispositions douanières introduites dans la province britannique après le Brexit, estimant « pas sérieux de vouloir revoir au mois de juillet ce qui a été finalisé après des années de débats et de travail ».
Une déclaration qui a fâché la diplomatie britannique ayant riposté avec fermeté que l’unité du Royaume-Uni n’est « pas négociable, qu’elle soit territoriale, constitutionnelle ou économique ».
En effet, l’Union européenne reproche à Londres de prendre des décisions unilatérales pour retarder les contrôles post-Brexit sur les marchandises entrant en Irlande du Nord, en provenance de Grande-Bretagne.
Or, les deux parties avaient conclu dans le cadre du traité sur le Brexit, le fameux protocole nord-irlandais qui est censé garantir le maintien de la frontière terrestre ouverte entre la République d’Irlande, membre de l’Union européenne et l’Irlande du Nord, quatrième nation constitutive du Royaume Uni.
Quand le gouvernement britannique avait accepté ce protocole fin 2019, il y voyait une réponse aux appels pressants des Nord-irlandais, et notamment du parti unioniste démocrate (DUP) de maintenir la frontière ouverte entre les deux Irlandes après la sortie de l’Union européenne, mais il n’aurait pas bien prévu, semble-t-il, les perturbations politiques et économiques qui seront produites dans la province.
L’entrée en vigueur de ce texte a ravivé les tensions entre républicains, partisans de la réunification avec l’Irlande et unionistes, attachés à la couronne britannique. Ces derniers le rejettent parce qu’il crée, selon eux, une séparation maritime avec le Royaume-Uni et fait resurgir le spectre des trois décennies sanglantes de troubles entre les deux camps.
Avant de parvenir à ce protocole, le Royaume Uni craignait que l’installation de check-points sur la frontière terrestre ne menace la sécurité comme au temps de la guerre civile. Bruxelles et Londres se sont donc entendus pour déplacer la frontière en mer d’Irlande, mais cela n’a fait que raviver les tensions au sein même de la province.
La deuxième contrainte est que malgré le départ du Royaume Uni de l’Union européenne, la province britannique continue d’appliquer les règles douanières de cette dernière, alors que la « période de grâce » sur les contrôles douaniers des marchandises échangées entre l’Irlande du Nord et la Grande Bretagne, accordée par Bruxelles pour atténuer l’impact du Brexit dans la province, a déjà pris fin.
Le Royaume Uni souhaite prolonger cette période jusqu’à fin 2023 au moins, revendiquant son droit légitime de protéger la continuité des échanges commerciaux au sein de son propre territoire, chose que Bruxelles refuse. Les Britanniques décident donc d’agir de manière unilatérale.
Au vu des autres dossiers à l’ordre du jour de ce sommet, les pourparlers autour de ce dossier s’avèrent très difficiles. Le premier ministre britannique devrait également se réunir avec les présidents de la commission et du conseil européens respectivement Ursula von der Leyen et Charles Michel, mais il n’est pas certain que les deux parties puissent aboutir à un compromis, selon les observateurs.
« Le G7 n’est pas l’endroit où (Boris Johnson) va nécessairement trouver une solution immédiate », a déclaré vendredi soir un porte-parole de Downing Street.
Les dirigeants des sept pays devraient s’attaquer également aux crises sanitaire et climatique et à la défense du multilatéralisme. Après les promesses sur les dons de vaccins aux pays pauvres, le G7 veut trouver les moyens d’éviter qu’une telle catastrophe mondiale ne se reproduise. Les sept pays devraient ainsi signer la déclaration de Carbis Bay qui comprend une série d’engagements pour empêcher une nouvelle crise sanitaire.
Dans son discours à l’ouverture du Sommet, le Premier ministre britannique Boris Johnson a appelé les dirigeants du G7 à « tirer les leçons de la pandémie » de coronavirus et à « reconstruire mieux » de manière « plus verte » et « plus juste ».
Le débat devrait porter en outre sur les moyens d’accélérer les traitements et les diagnostics, la réforme des mécanismes d’action de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ainsi que la question de la suspension des brevets sur les vaccins, afin d’accélérer leur production.