Comment le Mali rebat les cartes de l’Algérie au Sahel

Le Mali, confronté depuis des années à une menace terroriste persistante, a adopté une stratégie audacieuse pour sécuriser son territoire, notamment dans ses régions du nord. Après avoir expulsé les forces françaises, le gouvernement malien a diversifié ses partenariats militaires, une décision souveraine qui semble irriter son voisin du nord, l’Algérie. Cette nouvelle approche au Mali révèle la détermination d’un État déterminé à prendre en charge sa sécurité, quitte à bouleverser les équilibres régionaux établis.

La récente déclaration du représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations Unies, ‘Amar Bendjmaa, dans laquelle il a critiqué le recours aux « armées privées » au Mali, reflète une ingérence sournoise dans les affaires intérieures du Mali. Cette position algérienne fait suite aux frappes de drones maliens qui ont permis de neutraliser les terroristes retranchés près de la frontière entre les deux pays.

En réclamant des sanctions de l’ONU, l’Algérie semble oublier que le Mali, État souverain, n’est pas responsable devant elle de sa stratégie de défense nationale. Il est paradoxal de voir l’Algérie, qui a mené une guerre acharnée contre le terrorisme sur son territoire dans les années 1990, remettre en question les méthodes choisies par le Mali pour combattre cette même menace.

Le gouvernement malien, fort de son droit à l’autodéfense, n’a pas besoin de tirer les leçons du pays qui a rejeté toute ingérence étrangère dans ses affaires intérieures pendant sa crise sécuritaire. Le Mali affiche une volonté farouche de reprendre son destin sécuritaire en main. En diversifiant ses partenariats militaires, incluant des acteurs comme la Russie, la Turquie et l’Iran, Bamako affirme son indépendance stratégique. Cette approche, bien que critiquée par certains voisins, démontre la détermination du Mali à explorer toutes les options pour vaincre le terrorisme sur son territoire. Peut-être que le malaise du régime militaire algérien face à cette nouvelle situation géopolitique révèle plus ses inquiétudes quant au déclin de son influence régionale que de réelles préoccupations sécuritaires. En choisissant ses alliés, le Mali remet en question le statu quo régional longtemps dominé par l’Algérie et d’autres puissances traditionnelles.

Les critiques algériennes semblent occulter un fait fondamental: le Mali a le droit inaliénable de mener sa guerre contre le terrorisme comme bon lui semble, tant que son action reste à l’intérieur de ses frontières territoriales. Les frappes de drones, malgré le côté tragique de ses conséquences sur l’environnement, s’inscrivent dans cette logique de défense nationale. En renforçant sa présence militaire à ses frontières, l’Algérie montre sa préoccupation face à l’instabilité régionale.

Toutefois, cette approche ne lui donne pas le droit de dicter le comportement du Mali en matière de sécurité. Le Gouvernement du Mali, responsable devant son peuple, est seul arbitre de l’efficacité et de l’importance de ses choix stratégiques. La position du régime algérien à l’égard des décisions financières peut être interprétée comme une tentative de maintenir une influence régionale contestée. En affirmant son indépendance stratégique, le Mali remet en question les hiérarchies existantes dans la région sahélo-saharienne.

Cette situation appelle à redéfinir les relations entre les pays du Sahel, sur la base du respect mutuel et de la reconnaissance de la souveraineté de chacun. En choisissant sa propre voie pour lutter contre le terrorisme, le Mali lance un défi à ses voisins: celui d’accepter l’émergence d’un nouvel ordre régional dans lequel chaque pays détermine librement sa politique de sécurité. L’avenir de la stabilité au Sahel dépendra de la capacité des pays de la région à coopérer sur un pied d’égalité, sans ingérence ni tentative d’exercer une influence indue. Dans sa situation actuelle, le Mali pourrait servir de catalyseur pour une nouvelle ère de relations entre les États de la région, fondée sur le respect de la souveraineté et l’autodétermination en matière de sécurité nationale.

Source: @mali_news_arabi