Le vice-président de la transition et homme fort du pouvoir malien, le colonel Assimi Goïta, a annoncé mardi avoir déchargé de leurs prérogatives le président et le Premier ministre de transition arrêtés la veille par les militaires, en les accusant de tentative de « sabotage » de la transition.
Dans une déclaration lue à la télévision publique, Assimi Goïta a, toutefois, souligné que « le processus de transition suivra son cours normal et que les élections prévues se tiendront courant 2022 ».
Il a reproché au président Bah Ndaw et au Premier ministre Moctar Ouane d’avoir formé un nouveau gouvernement sans se concerter au préalable avec lui, bien qu’il soit en charge de la défense et de la sécurité, domaine cruciaux dans le pays en pleine tourmente.
« Une telle démarche témoigne d’une volonté manifeste du président de la transition et du Premier ministre d’aller vers une violation de la charte de transition (…), d’où une intention avérée de sabotage de la transition », a-t-il dit.
Aussi, le colonel Goïta dit s’être vu « dans l’obligation d’agir » et de « placer hors de leurs prérogatives le président et le Premier ministre ainsi que toutes les personnes impliquées dans la situation ».
Le président malien Bah Ndaw et le Premier ministre Moctar Ouane ont été emmenés, lundi, de force au camp militaire de Kati, à une quinzaine de kilomètres de Bamako.
Ces évènements interviennent quelques heures seulement après l’annonce d’un nouveau gouvernement, qui a remplacé l’ancien cabinet dont la démission a été présentée, le 14 mai, par le Premier ministre Moctar Ouane.
M. Ouane avait été immédiatement reconduit dans ses fonctions par le président Bah Ndaw et chargé de former un gouvernement « de large ouverture ».
Le Comité local de suivi de la transition au Mali, composé de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union Africaine et de la MINUSMA, a exprimé, lundi, sa « profonde préoccupation » face à la situation au Mali.
Dans un communiqué conjoint, le comité qui compte également des membres de la communauté internationale, y compris la France, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Union européenne, condamne fermement cette tentative de coup de force.