L’annonce du couvre-feu qui sera instauré début Ramadan entre 20h et 6h du matin est tombée comme un coup de massue. Tout le monde s’en doutait mais la lueur d’espoir qui anime tout un chacun fait que les œillettes se sont naturellement posées surtout que l’annonce a été faite à la quatre-vingt dixième minute; même pas le temps pour les prolongations !
Les réactions sont partagées, mitigées et la grogne monte. Du coup, l’esprit et l’ambiance ramadanesques se sont évaporés, troqués contre une colère surtout parmi les restaurateurs et les propriétaires de cafés. Une telle décision fatidique aurait dû être prise au moins un mois à l’avance pour permettre à ceux qui subiraient les affres du couvre-feu aussi bien socio-économiques que psychologiques de trouver des alternatives de survie.
L’emploi informel est florissant et ce sont ces petites mains travailleuses qui en périssent. De telles décisions devraient s’accompagner de solutions robustes qui tiennent la route. Un fonds Covid, par exemple, dont plus personne ne parle !!!
Selon les experts, le couvre-feu éviterait un confinement général dans quelques semaines certes, en raison de la troisième vague, que le Maroc s’apprête à vivre si des mesures drastiques ne sont prises pour contrer un nouveau variant qui semblerait être plus virulent. Mais comment est-ce que les lésés survivraient-ils pendant le mois du Ramadan, période de grande consommation ?
La face spirituelle liée à la fermeture des mosquées n’a même pas été évoquée lors de l’annonce du couvre-feu car pour le gouvernement il y va de soi. Il faut être devin et comprendre que la prière ne se fera pas dans les mosquées. Cette non-clarté dans les messages accentue les tensions pour laisser libre cours aux interprétations.
Nous avons survécu à un ramadan 1.0 sous confinement général. Ce ramadan 2.0 est une version plus allégée dans ce sens où l’autorisation de circuler pendant la journée ne nécessite aucun document signé par les autorités. C’est déjà mieux, dira-t-on ! Mais les retombées se feront indéniablement sentir dès la première semaine du couvre-feu à moins que la magie n’opère et que des indemnités respectables ne soient versées.
Baba aichour, notre père Noël marocain, n’ayant pas fait sa tournée au mois de moharram, nous l’attendrons de pied ferme début Ramadan, pour distribuer des dons aux plus nécessiteux !