Le 18 mars 2021, Uhuru Kenyatta, président kényan depuis 2013, usurpe la volonté des deux tiers des 15 membres du Conseil Paix et sécurité et publie, au nom de cet important organe de l’Union africaine, un communiqué à charge contre l’intégrité territoriale du Maroc. Ce communiqué censé sanctionner « les travaux » d’une réunion au sommet dudit CPS convoquée le 9 mars 2021, contre l’avis de la majorité, semble avoir été rédigé sous la dictée du MAE algérien Sabri Boukadoum et du désormais ex-commissaire algérien du CPS, Smail Chergui.
Ironie du sort, le 15 mars 2021, le président Kenyatta est rattrapé par un litige opposant le Kenya à la Somalie concernant la délimitation des eaux territoriales des deux pays. Saisie en 2014 par Mogadiscio, qui accuse Naïrobi de vouloir annexer un triangle de 100.000 kilomètres riche en hydrocarbures et en poissons, la Cour internationale de justice (CJU) doit se prononcer probablement courant mars sur ce litige frontalier. Et la Somalie a de fortes chances de gagner ce procès contre le Kenya.
C’est ce qui explique d’ailleurs cette tentative désespérée de Naïrobi de se soustraire à la CIJ. Primo, elle a allégué que parmi les membres de la CIJ, figurait le juge somalien Abdulqawi Yusuf, qui aurait déjà « représenté son pays à la troisième Conférence des Nations Unies sur le droit de la mer« . À peine n’eut-t-elle pas pointé aussi le juge marocain Mohamed Bennouna, qui siège également au sein de cette instance juridique relevant de l’ONU ! Deux, elle a déploré le recours à la CIJ, sous prétexte que cette dernière serait au service de « parties tierces« , notamment européennes, qui lorgneraient les richesses énergétiques de la zone en conflit. Trois, -et c’est le comble!-, elle a invoqué la pandémie de coronavirus, oubliant que l’affaire devait être entendue virtuellement.
Mais passons, car le président Kenyatta a une interprétation biaisée du principe d’intégrité territoriale des États. De quel droit et du haut de quelle irresponsabilité se permet-il donc de contester l’intégrité territoriale du Maroc et défendre la « souveraineté« , controversée, de son pays sur des eaux territoriales d’un autre État membre de l’UA, en l’occurrence la Somalie?
Uhuru Kenyatta, pedigree d’un « criminel de guerre »
Le 8 octobre 2014, un an après son investiture à la magistrature suprême, le président Uhuru Kenyatta se rend à la convocation de la Cour pénale internationale (CPI), pour une audience sur un éventuel nouveau report de son procès pour « crimes contre l’humanité », devenant le premier chef d’État en exercice à comparaître devant la CPI. Il est accusé d’avoir organisé et financé les milices kikuyu responsables de massacres et d’exactions qui ont conduit en 2007 au massacre de 1 200 personnes et au déplacement de plus d’un demi-million de Kényans.
Cependant, la Cour pénale internationale a annoncé l’abandon des charges contre Kenyatta. La procureure de la CPI, Fatou Bensouda, a expliqué dans un document officiel ne pas avoir assez de preuves « pour prouver, au-delà de tout doute raisonnable, la responsabilité criminelle de Kenyatta« . Cette annonce n’exclut pas pour autant « la possibilité de retenir de nouvelles charges contre Kenyatta« , a-t-elle précisé. Kenyatta s’est réjoui de l’abandon des charges, estimant que la CPI lui avait ainsi « donné raison« . La CPI a néanmoins dénoncé une « série d’obstacles majeurs » à l’enquête, notamment de « vastes initiatives concertées pour harceler, intimider et menacer les témoins« .
Venant d’un « dirigeant » sanguinaire, rompu aux manigances contre son propre peuple, il n’est pas étonnant qu’il fasse « cause commune » avec un régime algérien comptable du massacre de 250.000 civils durant la décennie noire (années 90).