Brésil: Prison ferme pour un député bolsonariste qui souhaitait « tabasser dans la rue » des magistrats de la Cour suprême

La Chambre des députés brésilienne a voté, vendredi, en faveur de la prison du membre du Congrès brésilien Daniel Silveira, arrêté mardi dernier après avoir publié une vidéo sur ses réseaux sociaux dans laquelle il insulte et menace plusieurs magistrats de la Cour suprême.

Avec 364 voix en faveur de la prison, 130 contre et trois abstentions, la Chambre basse a entériné le maintien de la prison du député, un avocat et ancien policier militarisé qui fait partie de la base alliée du président Jair Bolsonaro. Il avait déjà fait l’objet d’une enquête pour d’autres accusations.

L’instructeur de l’affaire au régiment interne de la Chambre basse, la députée Magda Mofatto, du Parti social-libéral de droite (PSL), la même formation du parlementaire emprisonné et dont Bolsonaro faisait partie lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 2018, a émis un avis favorable à l’emprisonnement de Silveira.

En argumentant son vote, Mofatto a déclaré que son collègue du parti a usé de sa stature de parlementaire comme « plate-forme pour la propagation du discours de haine », « attaqué la démocratie et les institutions » et défendu « les coups d’État et l’incitation à la violence contre les autorités publiques ».

Silveira a été arrêtée sur décision du magistrat Alexandre de Moraes, qui a ordonné l’arrestation immédiate du membre du Congrès dans la ville de Petrópolis, dans la région montagneuse de Rio de Janeiro.

« Les actes du parlementaire, à travers les réseaux sociaux, sont très graves, car non seulement elles portent atteinte à l’honorabilité et une menace pour la sécurité des magistrats de la Cour suprême fédérale, mais elles ont aussi une intention claire d’entraver l’exercice du pouvoir judiciaire », a déclaré Moraes.

Le magistrat a cité dans sa sentence les affronts « répétés » de Silveira, qui fait l’objet d’une enquête pour avoir prétendument financé des actes antidémocratiques l’année dernière dans lesquels les manifestants ont exigé la fermeture de la Cour suprême par l’acte AI-5, utilisé par la dictature militaire qui a gouverné le pays entre 1964 et 1985.

L’AI-5 est l’acronyme de la soi-disant loi institutionnelle 5, un ensemble de mesures antidémocratiques appliquées en 1968 par le régime et par lequel la répression s’est intensifiée : plusieurs partis politiques ont été interdits et des dizaines de parlementaires opposés à la dictature ont été limogés.

La décision du magistrat a ensuite été ratifiée à l’unanimité par la plus haute juridiction du pays.

Silveira, quelques heures avant l’arrestation, avait publié une vidéo dans laquelle il disait que les magistrats « ne sont bons à rien dans ce pays, ils n’ont ni caractère, ni scrupules, ni moralité » et, à son avis, « ils devraient tous être remplacés ».