« Exercice Al-Hazm 2021. Déterminés à mettre en échec tous les desseins hostiles », fanfaronne le chef d’état-major de l’armée algérienne, le général Saïd Chengriha, dans l’édito du nouveau numéro de la revue « El Djeïch », paru ce dimanche 7 février.
Il n’est donc pas besoin d’identifier la cible de cette prétendue « Résolution » du général marocophobe, pas plus d’ailleurs que « l’objectif » des spectaculaires manoeuvres aéroterrestres algériennes qu’il a personnellement supervisées dimanche 17 et lundi 18 janvier 2021 à Tindouf (sud), 30 kilomètres du sous-secteur opérationnel de la zone sud marocaine (Mahbes). Le général septuagénaire ne croit pas défoncer une porte ouverte, en pointant sans le nommer le Maroc, qu’il a déjà ouvertement qualifié d’ « ennemi » en 2016, du temps où il était encore commandant des forces terrestres.
Mais passons, car le général prêche le faux pour avoir le vrai. La prétendue « menace » que feraient peser « certaines parties ennemies sur la stabilité de l’Algérie » n’est évidemment qu’un alibi pour faire peur au peuple algérien, qui se prépare à célébrer le 22 février courant, le deuxième anniversaire du déclenchement des manifestations anti-régime, le 22 février 2019.
« L’engagement de fidélité au serment fait aux glorieux Chouhada exige, à l’occasion du deuxième anniversaire des marches populaires pacifiques qui ont débuté le 22 février 2019, de placer l’intérêt de l’Algérie au-dessus de tout, à un moment où, et ce n’est plus un secret pour personne, notre pays est ciblé par des parties étrangères qui n’ont pas apprécié cette démarche patriotique et souveraine qu’il a empruntée dans un monde caractérisé, ces derniers temps, par des mutations, des défis et des menaces visant le cœur même de l’Etat national », écrit « El Djeich » dans son édition de ce dimanche 7 février.
Pour paraphraser le général incurablement malade du Maroc, « ce n’est plus un secret pour personne », y compris et surtout le peuple algérien frère, que le recours à la théorie fumeuse, de surcroît ronflante, de « l’ennemi extérieur », participe d’une stratégie galvaudée, passée de mode, pour tenter de détourner l’opinion publique algérienne de la crise inédite réelle et tout azimut qui frappe de plein de fouet l’État algérien, ou ce qu’il en reste.
Le peuple algérien sait mieux que quiconque que son seul ennemi, est cette oligarchie militaire elle-même fossilisée incarnée par Chengriha himself qui continue de piller à tour de bras ses richesses, hypothéquer son droit à la libre expression et au rassemblement pour asseoir les bases de cette « nouvelle Algérie » libre et démocratique, sereine et prospère, réconciliée avec elle-même et avec son voisinage, pour édifier ce magnifique « Maghreb des peuples »…
Or hélas, ce n’est pas de cette oreille que semble l’entendre le général Chengriha. Au lieu de prendre fait et cause pour les aspirations légitimes du peuple algérien frère à l’édification d’un État réellement civil et démocratique, « RÉSOLUMENT » tourné vers l’avenir, le voilà solliciter encore une fois les morts pour mieux achever les vivants. « En ce mois où nous commémorons la Journée nationale du Chahid, qui coïncide avec le 18 février de chaque année, nous saisissons l’opportunité pour rappeler les immenses sacrifices consentis par le peuple algérien, à travers un long et douloureux combat pour l’indépendance et la liberté », relève-t-on en effet dans « l’édito » de la revue « El Djeïch ».
Le combat du peuple algérien s’annonce en effet « long et douloureux » pour arracher une deuxième indépendance, après celle de 1962, celle qu’il revendique depuis le 22 février 2019.
L’indépendance à l’égard d’un régime militaire viscéralement mafieux, férocement liberticide et prédateur.