Vidéos inédites. Tayeb Saddiki: un artiste ne meurt jamais

Tayeb Saddiki, figure majeure du théâtre et de la culture en général nous a quittés, il y a déjà cinq années ; dans la soirée du vendredi 5 février 2016.

Pur produit de l’école théâtrale du pays de Molière, il fut maintes fois décoré par la République française ; même s’il décida tôt de pratiquer son art dans son pays tant aimé, le Maroc.

 

 

 

 

S’étant dès ses débuts confronté au répertoire occidental, en tant qu’acteur, adaptateur puis metteur en scène, il eut cette volonté de développer une pratique théâtrale qui lui est propre, en puisant dans le patrimoine marocain et arabe.

Cette volonté de donner un cachet de « Tamaghrabit » (marocanité) à ses œuvres adaptées, co-écrites ou originales, a depuis longtemps guidé son action et ses choix artistiques, ainsi que son ouverture aux autres cultures.

 

 

 

 

Non seulement de cette spécificité ont découlé des œuvres mythiques venues enrichir le répertoire national, mais qui surtout confrontées à l’universalité, voire l’universalisme, ont donné un éclat et un rayonnement certains à l’action théâtrale marocaine.

Artiste pluridisciplinaire mais également homme de lettres et de culture, Tayeb Saddiki a été un personnage hautement controversé, ayant de son vivant déclenché maintes passions et polémiques, de par ses positions tranchées dont il a au moins eu le mérite de la cohérence.

Ecrivain, calligraphe, poète, acteur et metteur en scène, il a toujours privilégié la pratique à la sur-théorisation, quand bien même les deux seraient étroitement imbriquées ; en ajoutant parfois que le réflexe n’est pas la réflexion.

La facilité à l’oubli, le renouvellement générationnel, le manque de valorisation de notre histoire récente -et moins récente-, sont autant de facteurs qui ne font que relativiser notre rapport ambigu entretenu envers la mémoire.

Les œuvres délaissées de nombre de penseurs, d’artistes et d’intellectuels ne sont que la conséquence de cette vision limitée de l’importance de ces accumulations, qui sont censées construire constamment les nations et civilisations.

Auquel cas, du concept cher aux économistes de la destruction créatrice, nous ne garderons qu’une insensée et insensible destruction, et de la création quelques lointains échos d’un passé mystifié.