Corruption: le constat accablant de l’Instance nationale de la probité

L’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC) vient de publier la « Lettre de Probité N°1 » mettant en évidence la situation de la corruption aux niveaux mondial et national avec des chiffres et tendances à l’appui.

Publiée à l’occasion de la journée nationale de lutte contre la corruption célébrée le 6 Janvier de chaque année, cette publication vise à mettre en lumière la situation de la corruption et son développement dans le monde et au Maroc, a expliqué le président de l’INPPLC Mohamed Bachir Rachdi, dans un mot d’introduction, notant qu’elle présente les événements majeurs et les principales réalisations ayant marqué la période couverte.

Dans ce sens, M. Rachdi a rappelé les chantiers prioritaires lancés par l’Instance pour assoir les fondements qui concourent à la mise en place de son référentiel, ainsi qu’à la structuration et au renforcement de ses capacités d’intervention, afin de pouvoir contribuer significativement au changement de cap visé pour un nouvel horizon de mobilisation, de prévention et de lutte contre la corruption dans notre pays.

« Sur le plan national, la corruption, avec ses avancées, ses contraintes et les résistances au changement que rencontre ce chantier national, se trouve en tête des facteurs qui sapent les fondements de l’État de droit et favorisent les différentes formes de privilèges, de clientélisme et de népotisme », a-t-il affirmé, relevant que ce fléau remet en cause l’égalité des chances et celle d’avoir accès aux moyens de produire et d’assurer les conditions d’une meilleure et plus équitable répartition des richesses.

Le président de l’INPPLC a mis en exergue le contexte actuel difficile lié à la propagation et la Covid-19 et aux répercussions économiques et sociales qui en découlent, relevant que la crise sanitaire présente des risques d’amplification du phénomène de corruption.

« Le Maroc se trouve aujourd’hui plus que jamais face à de grands défis », souligne le responsable, expliquant que le Royaume doit mettre en place des inflexions majeures tout en veillant à accélérer les réformes structurelles, à même de créer les conditions favorables au nouveau modèle de développement.

Selon la « Lettre de Probité N°1 », le Maroc, malgré les efforts indéniables déployés, continue d’enregistrer des résultats mitigés relevés par des évolutions en dents de scie dans la plupart des classements internationaux, relevant que les conclusions de plusieurs rapports nationaux et internationaux mettent en relief la persistance du caractère endémique de la corruption au Maroc.

Aussi, en référence à l’Edition 2019 de l’IPC de Transparency International, il ressort que la position du Maroc depuis plus de 15 ans se caractérise par une relative stagnation, avec un classement oscillant entre la 73ème et la 90ème position, et une note qui est restée inférieure à 43 sur 100 (loin même de la moyenne de 50).

Le classement des pays, selon la même source, montre que le Maroc a perdu 7 places en 2019, pour s’établir au 80ème rang mondial sur 180. Le score du Royaume a perdu deux points, passant de 43 points sur 100 en 2018 à 41 points sur 100, rappelle la même source.

Abordant l’impact mondial du fléau, l’instance évoque des indicateurs « alarmants », en ce sens que les transactions de corruption effectuées dans le monde en 2019, sont estimées entre 1.500 et 2.000 milliards de dollars, soit 2 à 4 % du PIB mondial, tandis que la dilapidation des deniers publics pour la même année s’élève à 2600 milliards de dollars, soit 5% du PIB mondial.