La reprise des relations maroco-israéliennes est vue d’un oeil inquiet par l’Espagne et l’Algérie. Et ce que ces deux voisins rivaux redoutent le plus, c’est le transfert de la très avancée technologie militaire israélienne et, du coup, un renversement de l’équilibre des forces (et de terreur) au profit du Maroc.
Ce n’est donc pas un hasard si l’annonce de la reprise des relations israélo-marocaines, le 10 décembre dernier, a été accueillie avec des grincements de dents en Espagne, et avec des accents alarmistes en Algérie, même si de ce côté-ci, on tente de présenter cette « normalisation » sous l’aspect idéologique, comme étant « une trahison » envers le peuple palestinien!
« L’ennemi sioniste se trouve désormais à nos frontières », s’affolait il y a une semaine le premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad. « L’Algérie est plus forte que ce qu’ils pensent », tentait de rassurer le président Abdelmajid Tebboune via un message vidéo, depuis l’Allemagne où il est toujours hospitalisé.
Du côté de l’Espagne, les haut galonnés sont plutôt directs et agitent l’épouvantail du changement de l’équilibre des forces entre leur pays et le voisin du sud, le Maroc. « Après la reprise, les relations israélo-marocaines seront sans aucun soute plus fortes que par le passé », alerte defensa.com, porte-voix de l’armée espagnole, évoquant le transfert futur de systèmes d’armes israéliens très sophistiqués, en particulier dans le domaine de la guerre électronique.
Le site espagnol spécialisé dans les questions de Défense n’exclut pas l’acquisition prochainement de drones suicides israéliens de type « Harop » et « Harpy », estimant que ces drones sont cruciaux sur le champ de bataille moderne. Ces drones kamikazes ont été utilisés par l’armée azérie dans son récent conflit avec son homologue arménienne, permettant à la première de remporter une victoire écrasante (voir vidéo ci-contre).
La même source avertit que le Maroc exploite des drones israéliens depuis au moins 2014, dont 4 de type Heron, que les Forces royales air auraient obtenus par l’intermédiation de la France.
Toujours selon Defensa, le Maroc aurait acquis en 2017 trois autres drones israéliens de type Hermès 900, avec des systèmes de contrôle au sol et du matériel de soutien (voir vidéo ci-contre).
« Bien que ce drone ne soit pas armé, il dispose de capacités opérationnelles différentes dans le domaine de la reconnaissance, de la surveillance, de la cartographie et de la guerre électronique », indique-il.
Et d’ajouter: « Cela permet à l’armée de l’air marocaine non seulement d’être en mesure de fournir une connaissance de la situation en interceptant, analysant, localisant et surveillant les réseaux de communication mais aussi de perturber les capacités de communication ».
« Les drones sont exploités au Maroc par un escadron spécial au sein de l’armée de l’air appelé SACR (Airborne control and reconnaissance system), déployé aux bases aériennes de Meknès, Benguérir et Dakhla », indique le site espagnol.
Avec l’acquisition de la technologie des drones, le Maroc ne manquera pas de creuser l’écart par rapport à ses voisins du nord et de l’est. Une supériorité dont l’enjeu est plutôt dissuasif, pour brimer les visées hostiles nourries des deux côtés de la frontière du Royaume.